Après une saison sèche plus humide que prévu, les explications de Météo-France

De la pluie à La Réunion
Les mois de mai, juin et juillet, “exceptionnellement secs”, laissaient craindre une saison sèche très marquée. Elle a finalement été bien plus humide que prévu, avec des précipitations trois fois supérieures à la moyenne mensuelle en septembre. Les explications de Thomas Abinun, climatologue chez Météo-France NC.

2023 est une année El Niño, c'est une certitude. Elle aurait donc dû s'avérer particulièrement sèche... Mais si des records de sécheresse ont été atteints en mai, juin et juillet, depuis août, la pluviométrie dépasse les moyennes mensuelles. Déjouant les modèles de prévision utilisés par Météo-France. 

Un “El Nino inédit”

El Niño, ce sont des anomalies d’eau chaude qui s'installent à l’Est du Pacifique équatorial et, à l’inverse, des anomalies d’eau froide qui s’installent à l’Ouest, jusque dans la région de la Nouvelle-Calédonie, rappelle Thomas Abinun, climatologue chez Météo-France. Là où l’eau est plus chaude, il y a plus d'évaporation, donc plus de condensation et de précipitations. Là où l’eau est plus froide, l’air se refroidit par la base et s’assèche.” Résultat : On s’attend alors à des périodes plus sèches qu’habituellement dans la région de la Nouvelle-Calédonie.” Mais le El Niño 2023 est “inédit”. La bande d’eau chaude s’est étendue jusqu’au Caillou. 

Du jamais-vu depuis les années 70

Du jamais-vu depuis les années 1970, le début de l'ère satellitaire, à partir de laquelle les données sont considérées comme homogènes et donc comparables. Jusque-là, en El Niño, il y a toujours eu une zone froide autour de la Nouvelle-Calédonie, même si elle a tendance à se réduire, “la marque du réchauffement climatique”, explique Thomas Abinun. Là, l’eau étant restée chaude, la pluie a continué à s’inviter. Un excédent de plus de 200 % a été mesuré en septembre par rapport à la moyenne mensuelle, ce qui signifie une pluviométrie trois fois plus importante que la normale. 

La suite ? Difficile à prédire…

Le lien avec la formation d’une dépression aussi tôt dans la saison n’est pas non plus exclu, indique le climatologue. La suite ? Difficile à prédire. S’ils ne se trompent pas, “les modèles montrent qu’on devrait enfin avoir le retrait de ces eaux chaudes. En profondeur, on a des anomalies d’eau froide qui sont bien en place. Elles devraient regagner la surface et dissiper les anomalies d’eau chaude.” Mais cela ne veut pas dire un retour de la sécheresse puisque novembre signe le retour des pluies de la saison chaude. “Il y aura donc des cumuls suffisants pour éviter que la végétation ne soit en état de stress hydrique.” En revanche, ils seront peut-être inférieurs aux normales. 

Quant aux dépressions, “en théorie, quand on est en El Niño, elles se déportent vers l’Est puisque les eaux y sont plus chaudes. Mais cette année, on est vraiment dans quelque chose d’inédit, on découvre au fur et à mesure”, admet Thomas Albinun. Pas de promesse. Une seule certitude : les risques d’incendie sont derrière nous pour cette année.