C'est un chemin qui s'ouvre à Tiga et qui revient à Tiga, 60 années plus tard, riche de rencontres tout autour du monde. Dans Mes Outre-mer - Itinérance d'un Océanien, Walles Kotra partage son regard d'îlien, à la première personne, sur ces fragments de France qu'il a visités et les rencontres qui ont jalonné sa route. "L'itinérance c'est à la fois un itinéraire, un chemin. Une route qu'on veut suivre et une errance. C'est-à-dire qu'au bout d'un moment on se perd. J'ai vécu jusqu'à l'âge de 7 ans sur la petite île de Tiga. Ça a été pour moi une expérience formidable. De partir, on ne sait pas trop où, de découvrir des gens. Des gens comme des points de repères qui essayent de me faire comprendre ce qu'ils vivent. C'est un rêve de gosse."
Souvent je m'accroche aux gens.
Walles Kotra
"L'Outre-mer n'existe pas"
Au fil des pages, on suit son tour du monde, du département de la Vienne, dans l'hexagone, jusqu'à Mayotte en passant la Guyane. "J'ai découvert que l'Outre-mer n'existe pas. C'est un concept administratif et politique qui n'existe qu'au ministère. Ce sont des pays avec des histoires, des cultures. Et c'est ça que l'on découvre. On ne découvre pas les dossiers de la rue Oudinot, on découvre les gens. Des gens qui m'ont fasciné. J'ai été passionné par ça."
La plus grande frontière terrestre de la France est avec le Brésil, en Guyane. Une réalité encore ignorée par de nombreux Français. "On ne peut pas considérer les collectivités d'Outre-mer uniquement comme des gens qui demandent des subventions. Il faut les intégrer dans la République si on veut qu'ils restent dans la République."
Son regard sur la population calédonienne
Au fil des pages, il revient bien sûr dans le Pacifique. En Polynésie, à Wallis et Futuna et en Nouvelle-Calédonie. "Les kanak ont une culture vieille de 4000 ans, solide avec des racines profondes. Mais notre identité, comme l'a dit Jean-Marie Tjibaou, est devant nous. Il faut engager le dialogue avec les autres, s'inspirer. C'est ce qui se fait d'ailleurs, mais on ne le revendique pas. Parce que c'est plus facile de revendiquer le passé."
Un regard croisé avec ceux qu'il appelle les "Caldoches". "C'est une population, historiquement, qui a été rejetée par la France. Et au sortir du Bagne, au lieu d'engager cette conversation avec le monde kanak, poursuit Walles Kotra. Ils ont préféré se ressourcer de nouveau, se ré-enraciner dans cette France mythique. Ils sont des Européens de Nouvelle-Calédonie et pas des Océaniens d'origine européenne, ce qu'ils sont en réalité."
Mes Outre-Mer - Itinérance d'un Océanien de Walles Kotra est publié par les éditions Au vent des îles.