Le budget 2021 de la Nouvelle-Calédonie ne sera pas voté avant février ou mars, une décision actée mercredi dernier par les élus du congrès. Un report jamais vu depuis trente ans et qui fait notamment réagir la Fédération des fonctionnaires.
Voilà trente ans que la Nouvelle-Calédonie n’avait pas été contrainte de reporter le vote du budget du territoire. Une décision validée mercredi dernier par le congrès, et qui a fait réagir, ce lundi, la Fédération des fonctionnaires.
« Cette décision de ne pas voter le budget, écrit le bureau de la Fédération des Fonctionnaires dans une lettre ouverte au président du gouvernement, traduit soit une impossibilité de trouver une majorité pour l’adopter, soit une incapacité à maîtriser la situation engendrée par la crise Covid. Soit les deux. »
La Fédération dénonce notamment ce qu’elle voit comme une volonté « de mettre tout le monde au pied du mur dans quelques semaines et de trouver la solution d’augmenter la TGC ».
Une année hors norme
De son côté, Yoann Lecourieux, membre du gouvernement en charge du budget justifie ainsi ce report : « Pour construire un budget il faut des dépenses, mais aussi des recettes et pour connaître ces recettes nous avons une année 2020 qui est très spécifique et très anormale et donc il est difficile d’estimer à ce jour les recettes de 2021. Donc la Calédonie attend d’avoir les données les plus justes sur ces recettes pour établir le budget 2021 le plus sincère. »
La crise sanitaire ou la chute des recettes fiscales ont bousculé la Calédonie. Mais également le contexte politique, selon Virginie Ruffenach, chef du groupe Avenir en confiance au congrès : « Suite au référendum de 2018, pour la première fois depuis de très nombreuses années nous avons eu un solde migratoire négatif. 10 000 personnes ont quitté le territoire. Donc, c’est moins de consommation, et c’est une crise économique dans laquelle nous sommes. Nous avons devant les yeux les conséquences que ces référendums binaires génèrent comme défiance et perte de confiance. »
« Imprévoyance » selon Calédonie ensemble
Calédonie ensemble, l’UC-FLNKS et Générations NC se sont abstenus. Philippe Dunoyer du groupe Calédonie ensemble déplore un manque de prévoyance : « Je constate que dans tous les territoires où la Covid a eu un impact beaucoup plus fort au plan sanitaire, tout le monde a arrêté son budget. La Polynésie par exemple juste à côté de nous a arrêté son budget. Ça traduit l’absence de visibilité, ça traduit l’absence d’anticipation. Ça traduit une forme de panique. C’est de l’amateurisme. »
Un vote « responsable » pour l’Eveil océanien qui regrette toutefois « un manque de communication »
L’Uni s’est joint à l’Avenir en confiance pour voter le report.Tout comme l’Eveil océanien : « La responsabilité des élus, c’est pas de bloquer les institutions, c’est de faire en sorte qu’elles fonctionnent et voter le budget, ça en fait partie », lance Milakulo Tukumuli, président du mouvement, qui nuance : « Ce que je regrette par contre, c’est que ce gouvernement aujourd’hui ne nous donne pas d’information à aucun moment. A aucun moment le gouvernement ne nous a informé pour dire "voilà, la situation économique est celle-là" ».
Le budget sera donc examiné à partir du mois février. Reste à savoir sur quelles bases : « La Calédonie a un déficit structurel, note Yoann Lecourieux. Pour combler ce déficit structurel il y a plusieurs solutions : il y a une réévaluation des recettes fiscales, il y a aussi des économies à faire au sein de la Nouvelle-Calédonie et de ses différentes structures. On pourra aussi passer par une autre solution qui est le soutien de l’Etat parce que pour les deux ans à venir sans soutien de l’Etat, on ne pourra pas équilibrer les comptes de la Nouvelle-Calédonie. »
Le reportage de Louis Perin et Carawiane Carawiane :