L’invitée du JT, le dimanche 22 mai, était Wali Wahetra, candidate du FLNKS dans la première circonscription. Son suppléant est Fidel Malalua du Parti travailliste.
Wali Wahetra est issue du monde de l'éducation, élue de la province des Îles Loyauté au Congrès où elle assure la vice-présidence de la commission de l'enseignement et de la culture.
Pourquoi se présenter aux législatives ?
Pour Wali Wahetra, l’engagement du FLNKS dans les élections législatives est justifié : "Ce combat que nous menons depuis le début de la colonisation, c’est un combat pour la dignité de notre pays. C’est pour ça que lors des deux derniers congrès [du FLNKS], nous avons décidé dans notre stratégie de négociation avec l’État, que les législatives sont un levier dans ces négociations".
Des problèmes à régler
La candidate du FLNKS reconnaît le chemin parcouru depuis trois décennies mais estime qu’il reste beaucoup de travail à faire.
" Quel est le constat que nous avons de plus de 160 ans de colonisation, dont 30 ans d’accords Matignon et Nouméa ? Il y a eu beaucoup d’avancées. La Nouvelle-Calédonie des années 80 n’est plus la même qu’aujourd’hui, parce qu’il y a eu beaucoup d’efforts et de travail qui ont été faits. Mais il y a aussi des constats qui détonnent et qui nous font mal au coeur. Quand j’entends qu’il y a 53 000 personnes qui sont malades chroniques, qui sont atteintes des maladies dites de civilisation. Quand j’entends qu’il y a 49 700 personnes en 2019 qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quand j’entends que nous importons plus de 80 % de ce que nous consommons dans ce pays et que notre alimentation dépend de toutes ces importations et de l’alimentation transformée, d’où toutes ces maladies. Quand j’entends que notre pays maintenant est endetté de plus de 220 %, qu’on a 48 milliards de dette. Maintenant que nous en sommes là, il y a des questions qui peuvent se poser. Qui était aux manettes pendant ces trente ans ?"
"On ne lâchera pas"
Être indépendantiste et prétendre à une des plus hautes fonctions de la République, ce n’est pas un peu contradictoire ?
" Je suis indépendantiste mais je ne suis pas encore indépendante. Donc, notre pays est toujours sous la tutelle de la France. Et si le mot indépendance fait mal aux oreilles, je comprends. Mais il y a aussi d’autres mots, malgré les accords, malgré les coutumes qui ont été faites, malgré les pardons qui ont été donnés de part et d’autre, il y a des mots qui font encore mal dans nos maisons, dans les foyers calédoniens. Des mots comme colonisation, dépossession, indigénat, Uvanu, Ouvéa, Tiendanite, et j’en passe. Et ces mots là sont encore vivaces, ce sont des braises encore qui sont là et qui nous rongent. C’est pour ça qu’on ne lâchera pas et que tant qu’il n’y aura pas cette indépendance, tant qu’il n’y aura pas ce transfert des derniers compétences que nous allons négocier avec l’État en bilatérales… C’est la condition pour que ce pays soit indépendant, et pour qu’il y ait ce destin commun".
L’Assemblée nationale, un levier dans la stratégie
Pour Wali Wahetra, l’Accord de Nouméa n’est pas terminé, "c’est pour ça que nous allons discuter en bilatérales avec l’État, et c’est pour ça que nous voulons être à l’Assemblée nationale".
Nous ne discuterons pas avec ces prophètes, nous irons directement discuter avec Dieu, avec Macron.
Wali Wahetra
Quel programme ?
Les candidatures du FLNKS ont pour but de peser dans les discussions avec Paris, mais aussi de réaffirmer à l’international la revendication indépendantiste.
" Nous refuserons un énième statut au sein de la République française" indique Wali Wahetra qui rappelle que le FLNKS veut que la Nouvelle-Calédonie reste sur la liste des pays à décoloniser de l’ONU.
Pas question non plus de revenir sur les acquis des accords, notamment le gel du corps électoral. "Nous ne discuterons pas, c’est non-négociable".
La candidate entend également se pencher sur le dossier de la désertification médicale en Nouvelle-Calédonie. " C’est une aberration qu’on dépende encore une fois de la France pour le recrutement alors que nous avons la compétence en matière de santé".
Wali Wahetra indique enfin qu’en cas d’élection, elle pourrait rejoindre un groupe à l’Assemblée nationale. "Nous nous projetons certainement vers la gauche, mais ça se discute encore entre nous, dans notre mouvement".
Retrouvez l’entretien complet de Wali Wahetra avec Steeven Gnipate :
Le jeudi 9 juin, elle était ensuite l'invitée de la matinale. Son entretien avec Charlotte Mestre à découvrir ici.
Retrouvez ci-dessous la liste complète des candidats dans la 1ère circonscription :