Il faisait partie des plus vieux habitants de la ville. Le caïlcédrat va disparaitre du paysage de la place des Cocotiers, car il représente un danger. Ce jeudi matin, de nombreux curieux se sont arrêtés pour assister au triste spectacle.
Ce caïlcédrat là ne figure pas spécifiquement dans la liste des 142 arbres considérés comme remarquables par la ville. Mais c'est le cas d’autres arbres de son espèce dans la ville. A l'image de celui situé juste en face de l'ancienne clinique de l'Anse-Vata.
Un classement qui répond à des observations techniques, mais aussi historiques. C’est le botaniste, Bernard Suprin qui s’est chargé du premier inventaire en 2009. "Il y a plusieurs critères, le plus éclatant c'est la visibilité, le volume, l'espace, le côté majestueux. Après il y a d'autres critères qui peuvent entrer en ligne de compte comme le volet historique. Un arbre qui aurait été planté par un gouverneur il y a longtemps par exemple. Même s'il n'est pas très grand, il est considéré comme remarquable. Il y a aussi le côté rare et précieux."
80% du travail sur le terrain
Banians, badamiers, niaoulis, palétuviers et baobabs, les arbres choisis par Bernard Suprin sont le résultat d’un travail minutieux. "Il y a une partie terrain bien sûr, qui représente 80% du boulot. Je me suis documenté et je me sers aussi de mes connaissances. Le santal qui est au Ouen Toro par exemple : c'est un arbre petit, qui ne paye pas de mine. On ne les remarque pas, mais les santaliers font partie des grandes étapes de la colonisation."
Un bois précieux prisé dans les années 1970
Les équipes techniques vont mettre trois jours complets pour couper l’arbre centenaire de la mairie. Le tronc et les plus grosses branches auront en quelque sorte une seconde vie. Ils seront transformés lors d’ateliers de sculptures, dans le cadre de chantiers d’insertion par exemple.
Aussi connu sous le nom d'Acajou du Sénégal, le caïlcédrat est une espèce que Bernard Suprin connait bien. "C'est un arbre qui a été introduit par un ancien de chef de service des eaux et forêts qui le pressentait pour les cours d'école ou le long des routes, parce qu'il fait une ombre généreuse et que ses fruits sont petits. Ils ne risquent pas de blesser quelqu'un en tombant. Dans les années 1970, il a été abondamment planté, à Nouméa, notamment à la baie de l'Orphelinat. Et comme c'est un bois précieux, à chaque fois qu'un arbre devait être coupé, tous les fanatiques de la tournerie sur bois se précipitaient sur les chantiers. Parfois ils en venaient même aux mains pour s'arracher les meilleurs morceaux."
Les explications de Bernard Suprin :
Bernard Suprin, botaniste