Depuis le début de l'année, la Banque alimentaire de Nouvelle-Calédonie constate une baisse des dons. Les stocks s'avèrent maigres et surtout, les denrées collectées ne sont pas idéales pour un repas équilibré.
Pourtant, une soixantaine d'associations bénéficient des colis préparés au centre de tri à Nouméa. "En ce moment, on n'a pas grand chose. Le constat qu'on fait, c'est qu'on a plus de boissons que de denrées alimentaires, détaille Bérengère Lepetit, coordinatrice de la BANC. Malheureusement, c'est un problème pour nous, parce qu'on ne nourrit pas les gens avec des boissons. Et au niveau du sec, on a souvent des céréales ou des gâteaux. C'est toujours un plus pour les gens qui sont dans le besoin, mais ce n'est pas une alimentation saine et équilibrée."
Des besoins en hausse depuis le Covid
Les bénévoles de l'association Dorcas viennent régulièrement récupérer des denrées à la banque alimentaire. Chaque semaine, Dorcas redistribue les dons à une trentaine de familles confrontées à l'augmentation du coût de la vie. "En ce moment, il y a beaucoup de personnes dans la précarité, toutes ethnies confondues. Et ça a augmenté depuis le Covid," constate Didier, bénévole de l'association.
Jusqu'à 500 tonnes gaspillées chaque année
La société Zéro waste Pacific est spécialisée dans la récupération des dons alimentaires et lutte contre le gaspillage qui représente jusqu'à 500 tonnes par an, selon le gouvernement. La réglementation en vigueur consiste à inciter aux dons par la déduction fiscale.
Cependant, tous les magasins ne jouent pas le jeu. "Aujourd'hui, on travaille avec environ dix enseignes. On collecte à peu près 200 tonnes de nourriture tous les ans, depuis deux ou trois ans, explique Olivier Bouissou, gérant de la société Zéro waste Pacific. On estime qu'on pourrait multiplier par trois ces quantités, puisqu'il y a encore des enseignes qu'on n'a pas réussi à convaincre."
Des produits non vendables
Même en l'absence d'obligation de donner les denrées arrivant à la date limite de vente, beaucoup d'enseignes contribuent à cet effort de solidarité envers la banque alimentaire. Le tout en réduisant leur déchets. "Une fois par semaine grosso modo, on entre en contact avec la banque. Pour proposer les produits qui arrivent en fin de vie. On est dans l'incapacité de les vendre", confirme Daniel Goetschy, responsable du rayon produits de grande consommation dans un supermarché. "Ce sont des produits toujours propres à la consommation, mais non vendables."
Une nouvelle application
Pour lutter contre le gaspillage, une nouvelle application mobile gratuite et 100 % calédonienne vient d'être lancée : Foodbank. En quelques jours, déjà 2 300 calédoniens se sont inscrits.
Objectif : permettre aux commerçants partenaires de liquider les invendus à prix cassés. "Ça donne une seconde vie à des invendus qui auraient pu tout simplement être jetés, précise Marine Léger, gérante de Foodbank. Et ça s'inscrit aussi dans une autre démarche : accompagner les gens vers l'accès à la nourriture à faible prix. Donc, c'est aussi un geste solidaire."
Bientôt une réglementation plus stricte
Le gouvernement travaille, quant à lui, sur une réglementation plus stricte en matière de gaspillage alimentaire. Seule la grande distribution sera concernée. Ce projet de loi du pays devrait permettre d'ici l'année prochaine de faire face aux besoins de milliers de bénéficiaires.
Le reportage de Joanna Robin et Cédric Michaut :