Les conséquences du confinement côté artistes

Les danseurs de la compagnie ont pu pratiquer leur art en extérieur, dimanche 26 septembre, à Nouméa, mais sans public et sous conditions.
Quatrième semaine de confinement en Nouvelle-Calédonie, pour des artistes privés de scène, d’exposition, de public, d'intervention en milieu scolaire, etc. Pas de rentrée d’argent, et pas beaucoup de perspectives.  

La double peine, pour les artistes de Calédonie, alors que leur statut ne leur permet pas de recevoir une indemnité chômage. Une fois de plus, le secteur de la culture se trouve secoué.

Cours à distance

Stéphane Fernandez est musicien. Guitariste, bassiste, il compose, mais ce troisième confinement semble anéantir tout projet dans un futur proche. "Ce n'est pas facile parce qu'on cherche un peu les perspectives", réagit-il. "Comment tout ça va tourner. On voit plusieurs mois devant nous où on n'aura pas d'activité. On n'a pas beaucoup d'entrées [d'argent]. J'ai quelques élèves qui veulent me suivre, donc on va faire des cours à distance." Et de revenir sur le statut d'artiste, localement. 

On n'a pas eu un statut comparable à l'intermittence. Quand je ne travaille pas, ça a beau faire vingt ans que je cotise, je n'ai rien. On est davantage soutenu par nos élèves que par un plan d'action quelconque.

Stéphane Fernandez, musicien

 

Faute d'expo, en profiter pour créer

Pour Mathieu Venon, artiste plasticien, impossible d’exposer. Il en profite pour créer dans le silence du confinement. "J'avais démarré un gros travail et les dates d'expo tombent là !", explique-t-il, avec un petit rire. Il faut dire que la course aux annulations et aux reports, voire aux reports de reports, est allée bon train. "Ça contrarie les calendriers de tout le monde. Il n'y a pas d'action commerciale possible, ça, c'est évident", continue-t-il, en ajoutant : "Il n'y a pas que les artistes qui sont en difficulté. Tous les petits entrepreneurs." 

Il n'existe pas d'aide spécifique pour aider les acteurs calédoniens de la culture à traverser cette crise Covid. Ils se raccrochent aux dispositifs globaux qui s'adressent aux travailleurs indépendants. 

Je vis sur mes économies quand j'en ai, je fais le minimum et effectivement, c'est compliqué.

Mathieu Venon, plasticien

 

Paroles d'artistes confinés, par Martine Nollet

 

"On a réagi plus vite mais les conséquences vont être pires"

Le Syndic'Art vise à représenter les artistes et techniciens professionnels. Sa trésorière, Isabelle de Haas, était l'Invitée de la matinale radio mercredi 29 septembre, sur NC la 1ere, avec Anne-Claire Lévêque. "Les premiers confinements nous ont donné des habitudes et des automatismes. On a réagi beaucoup plus vite, on avait déjà des outils mis en place", a-t-elle posé. "Mais les conséquences vont être pires parce que le confinement va être plus long, les mesures restrictives qui vont suivre vont être plus difficiles et s'éterniser, probablement."

Continuité artistique

Reste une possibilité de continuité artistique. "On a fait un gros travail, en partenariat avec la [direction du Travail et de l'emploi], sur les protocoles à mettre en place pour que les artistes puissent continuer à travailler pendant le confinement. J'entends, tout ce qui est résidence de création, répétition", insiste la metteure en scène.

"Sur les précédents confinements, c'était complètement impossible. Aujourd'hui, le travail préalable qui a été fait nous permet de continuer un travail de création, avec certaines conditions bien sûr", détaille Isabelle de Haas : "Masqués si on est à moins d'un mètre, gel hydro-alcoolique, distanciation, chacun sa bouteille d'eau, des salles aérées régulièrement. Il y a certaines choses qu'on ne peut pas faire, certaines choses qu'on travaille à distance, mais on peut écrire, on peut composer"

Rappel des conditions par le Syndic'Art :

Les structures culturelles sont fermées mais les artistes peuvent tout de même accéder à des lieux privés, ou quelques lieux publics restés accessibles pour cet usage. Au centre Tjibaou, par exemple. 

 

La diffusion est freinée par le confinement mais la création continue. 

Equipe du centre culturel Pomemie de Koné 

 

Ni public ni interventions auprès des scolaires

"Beaucoup de secteurs de nos métiers sont totalement empêchés", énumérait encore la représentante du Syndic'Art. "Par exemple tous les secteurs qui sont en contact avec le public, puisqu'on ne peut plus rassembler de public. Tous les secteurs qui ont des interventions en milieu scolaire, complètement à l'arrêt. Mais il y a beaucoup d'autres artistes qui arrivent à travailler quand même." 

On relèvera aussi quelques activités menées malgré le confinement. Par exemple des ateliers proposés dans les centres qui accueillent les enfants des personnels dits prioritaires. Ou cette improvisation des danseurs de Troc en jambes dimanche 26 septembre, "dans les rues confinées de Nouméa". Avec autorisation et gestes-barrières, la compagnie participait au tournage d'un documentaire et d'un clip :

Les conséquences du confinement côté artistes

La lecture comme exhutoire 

Partie de récits d'expériences, que Leslie Gobille avait écrit dans sa pratique de psychologue en milieu professionnel carcéral, elle l'a transformé, façonné en refaçonant les personnages. "Si je devais résumer mon roman en une phrase, je parlerais de rencontres humaines dans un environnement difficile", nous confie l'auteure.

Ce roman est un outil pour dépasser les épreuves professionnelles dans un environnement d'enfermement : "C'est aussi ne pas pouvoir agir sur sa propre vie, ne pas pouvoir contacter ses proches, se  rendre à un entererement d'un proche. Pour y survivre, les gens développent des stratégies plus ou moins efficaces en se créant un quotidien avec un rythme. Pour ceux qui ont des longues peines, il faut rythmer leur journée et y compris si c'est une journée où il n'y a rien de prévu", ajoute Leslie Gobille. 

Dans cet enfermement, certains découvrent la spiritualité d'une manière générale. "Les Vertiges de L'Orée", est un premier roman abouti de Leslie Gobille, avec la promesse d'une suite.  

L'interview de Martine Nollet