Le statut de la Corse est en passe de changer. À l’occasion d’une visite sur l’île de Beauté, le chef de l’État a indiqué qu’une évolution vers plus d’autonomie était possible.
Un reportage Outre-mer la 1ère
18 mois de discussions
"Le statu quo serait notre échec à tous", a insisté le président de la République, venu clore 18 mois de discussions qui avaient débuté après l'explosion des violences insulaires de 2022, consécutives à la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna, agressé en prison où il purgeait une peine à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998.
"Nous devons avancer et il faut pour cela l'entrée de la Corse dans notre Constitution", a-t-il commencé. Avant de lancer : "Ayons l'audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République". S'exprimant à Ajaccio devant l'assemblée de Corse, contrôlée par les nationalistes, Emmanuel Macron a cependant averti : "ce ne sera pas une autonomie contre l'Etat, ni une autonomie sans l'Etat". Concernant la volonté nationaliste de voir la notion de "peuple corse" inscrite dans la Constitution, il a seulement proposé qu'une "communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle" y soit reconnue.
Pouvoir législatif
Sur le souhait de confier un pouvoir législatif à l'assemblée de Corse, le chef de l'Etat a appelé à "rendre plus simple et plus effectif le droit d'adaptation et le droit d'habilitation", se déclarant "favorable" à ce que l'île puisse "définir des normes sur des matières transférées". Mais cela "sous l'autorité du Conseil d'Etat" et du "Conseil constitutionnel", a-t-il spécifié. Concrètement, il a donné "six mois" aux groupes politiques corses, des indépendantistes à la droite, pour arriver à un "accord" avec le gouvernement menant à un "texte constitutionnel et organique" qui pourrait alors être présenté à Paris.
L'attente était immense sur l'île de Beauté, dirigée par les nationalistes depuis huit ans. "Le statut d'autonomie que nous appelons de nos vœux s'inscrit au sein de la République française", avait promis de son côté Gilles Simeoni, président autonomiste de l'exécutif de Corse, en accueillant le chef de l'Etat. "Il y a une ouverture, mais tout reste à faire", a-t-il ensuite commenté à Bastia.
L'autonomie et "l'inscription de la Corse dans la Constitution", cela ne "changera rien" au "quotidien des habitants corses", a pour sa part assuré à l'AFP Fabien Roussel, le chef du parti communiste, en marge de ces commémorations qui se sont poursuivies en fin de journée à Bonifacio.