100 % des bébés tortues qui percent leur coquille à la Roche-Percée sont désormais des femelles. Une conséquence directe du réchauffement climatique, qui augmente la température du sable, car celle-ci joue un rôle très important dans la différenciation sexuelle de ces animaux marins.
Dans la population adulte du Pacifique sud, les scientifiques dénombrent déjà 85% de femelles. Un problème qui met en péril la capacité de reproduction de ces tortues grosse-tête et qui devrait donc s’aggraver dans les années à venir. Or, la tortue grosse-tête est classée "en danger critique d’extinction" par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 40 ans, l’activité humaine a fait baisser leur population de 80%.
La Côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie touchée
Le phénomène est commun aux deux principaux lieux de reproduction de cette espèce : la côte Est de l’Australie et la côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie. Un troisième lieu de ponte, resté confidentiel jusqu’en 2016, semble lui préserver par ce phénomène, selon une étude du WWF et de l’IRD. Et il se trouve aussi dans nos eaux. « Il y a 8 ans, on a découvert que le Grand lagon Sud était un site de ponte significatif », raconte Marc Oremus, le responsable du bureau du WWF à Nouméa. On a voulu en savoir plus sur ces populations et on a lancé l’an dernier un programme de recherche sur l’importance de ce site pour les tortues grosse-tête. »
Protéger le site du Grand Lagon Sud
« Il y a encore une mixité importante dans les populations de bébés tortues qui naissent sur les îlots du Grand lagon Sud. La température du sable y est tout simplement plus basse », explique Hugo Bourgogne, doctorant de l’IRD, en charge de l’étude.
Le chercheur souhaite désormais savoir si les mâles du lagon Sud pourraient s’accoupler avec les femelles de Bourail, ce qui permettrait d’atténuer les conséquences du changement climatique sur les tortues grosse-tête. « L’étude des déplacements à montrer que, pour ce qui concerne les femelles, il n’y a pas de connexion entre les deux sites, précise Hugo Bourgogne. On regarde maintenant ce qu’il en est pour les mâles, car on sait qu’ils se déplacent plus. »
Quel que soit le résultat final de ces recherches, le WWF estime qu’il faut d’ores et déjà protéger le site du Grand Lagon Sud. « Ces écosystèmes sont fragiles. Il faut donc éviter toute activité humaine qui pourrait les déséquilibrer, comme les coupes de bois, les feux, ou encore y amener ses chiens », rappelle Marc Oremus. La végétation, dont sont couverts ces îlots, est en effet un élément majeur de la régulation de la température et donc de la préservation des sites de ponte des tortues grosses-tête.