Depuis quelques mois, Marie-Aimée a changé ses habitudes de consommation. Cette habitante de Nouméa délaisse de plus en plus les grandes surfaces traditionnelles au profit d'enseignes particulières, dites "de déstockage" ou "anti-gaspi". Nous la retrouvons à Ducos dans l'un de ces magasins, le dernier à avoir ouvert sur le territoire, en fin d'année dernière.
Sur place, les prix des produits alimentaires peuvent être jusqu'à deux fois moins chers qu'ailleurs. Et pour trouver l'explication à cette différence, il suffit de se pencher sur les étiquettes : celles-ci mentionnent une DLUO (date limite d'utilisation optimale) proche ou dépassée.
Un plus pour le portefeuille
"On sait qu'on peut encore les consommer, donc ça ne me dérange pas du tout", explique Marie-Aimée, qui confie privilégier ce type de produit davantage par souci d'économie que par conviction écologique. "Etant donné la situation actuelle, c'est intéressant pour nous les clients", souligne-t-elle.
Même son de cloche quelques rayons plus loin. Elizabeth vient pour la première fois, ce ne sera d'ailleurs probablement pas la dernière. "On m'en avait parlé donc je suis venu constater par moi-même et c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses moins chères", relève-t-elle. "De toute façon, il y a toujours une marge sur la péremption des produits. Autant ne pas les jeter, je trouve que c'est une bonne chose".
Affluence en hausse
Afin de proposer des tarifs compétitifs, l'enseigne se fournit auprès de grossistes locaux dont elle goûte les produits à DLUO proche ou dépassée pour s'assurer en amont de leur qualité. Le déstockage concerne aussi les produits d'hygiène et d'entretien.
"Ce sont des produits qui sont vendus moins chers lorsque la formule, le conditionnement ou le packaging a changé. On les importe via des fournisseurs de Métropole", explique Romain Demon, le directeur du magasin.
Avec 8000 passages en moyenne chaque mois, chiffre en hausse depuis les émeutes, l'affluence ne cesse d'augmenter dans cette enseigne spécialisée. "L'engouement était là dès l'ouverture, mais c'est vrai qu'avec le contexte actuel, où les gens dépensent moins, on sent qu'il est de plus en plus fort", souligne Romain Demon. De quoi envisager peut-être l'ouverture de nouveaux locaux sur le long terme.
Difficultés d'approvisionnement
La filière pourrait en revanche pâtir de certaines difficultés sur le moyen terme. "A l'époque, personne ne faisait ça. On avait énormément de produits en destockage. Aujourd'hui, on a de plus en plus de mal à se fournir en produits de destockage", note Alexandra Polidano, gérante de la première enseigne spécialisée du territoire, ouverte il y a une décennie à Païta.
En cause, des achats plus limités de la part des grossistes qui ont maintenant tendance à privilégier la rupture de stock au gaspillage. La multiplication des enseignes de déstockage contribue également à l'amenuisement des stocks. Ces dernières années, même les grandes surfaces traditionnelles calédoniennes introduisent les unes après les autres des étals dédiés aux DLUO proches dans leurs rayons.