Les méthodes de gardiennage controversées du groupe Erys sur le site industriel de Prony Resources

L'incident remonte au 16 novembre 2021. Il a fait l'objet d'un rapport qui a été rédigé par des salariés du groupe Erys, puis qui a été transmis à la direction de Prony Resources.
Après l’affaire des cartes professionnelles expirées ou non valides, l’entité calédonienne du Groupe Erys, une société de sécurisation et de gardiennage, est à nouveau sous le feu des projecteurs pour non-respect du règlement intérieur de l’usine du Sud. Les faits remontent au 16 novembre dernier.

Le 23 février, des banderoles étaient posées par le syndicat UT CFE-CGC à l'entrée de l'usine du Sud. On pouvait y lire les mentions "sanctions injustifiées", "sécurité de l'usine en danger" et "licenciements abusifs". A l'origine de cet événement, une affaire qui s'est déroulé le 16 novembre 2021.

Il est 8 heures du matin, ce jour-là, lorsqu'un responsable coutumier du Sud monte à bord d'une voiture du groupe Erys, dans le parking de Prony Resources. Il est véhiculé jusqu'à l'entrée de la base vie. Il possède un badge qui l'autorise à rentrer sur le site. Un agent de sécurité chargé de filtrer et de contrôler l'accès demande au conducteur de faire descendre le passager de l'automobile. Comme le stipule le règlement intérieur, il doit emprunter le passage piéton et se soumettre au contrôle sanitaire.

Autorisé à rentrer sans descendre de véhicule

Malgré ces directives, le passager reste dans le véhicule. Un témoin de la scène revient sur les faits. Il souhaite conserver l'anonymat. "Le véhicule de la société Erys s'est présenté à l'entrée de la base vie. Le conducteur a refusé, à quatre reprises, de faire descendre son passager et du coup c'est l'agent en poste à la barrière qui a pris le badge du passager et qui a badgé pour lui. Le véhicule est rentrée sans faire descendre son passager", raconte cet homme.

"Le protocole veut que tout passager descende de véhicule et badge lui-même, au portique. Les seules personnes qui sont autorisées à rentrer sans descendre sont les personnes invalides, les personnes blessées ou les VIP, sur autorisation. Là, il n'y avait pas d'autorisation", précise le témoin.

Les faits se seraient produits à lors d'un contrôle à l'entrée de la base vie de l'usine du Sud.

Une fois l'entrée du site franchie, le passager est déposé à l'intérieur de la base vie. Il est rejoint par le directeur exécutif délégué aux opérations en Nouvelle-Calédonie du groupe Erys, un ancien commandant de la section de recherche de la gendarmerie nationale de Nouméa. Les individus s'entretiennent, près de 20 minutes, puis ils se séparent. Quid de cette rencontre?

Un appel d'offres en cours pour la sécurisation du site industriel

Dans le cadre de ce reportage, le groupe Erys n'a pas donné suite à nos sollicitations. Quant au responsable coutumier, il n'a pas jugé opportun de répondre à nos questions. Concernant l'incident à l'entrée de la base vie, il a été notifié dans un rapport rédigé par des salariés du groupe Erys. Ce rapport a ensuite été transmis à la direction de Prony Resources.

La direction d'Erys Nouméa a décidé de sanctionner tous les gens qui ont gravité, de plus ou moins prêt, à la rédaction de cet incident. Actuellement, il y a deux licenciements en cours et deux sanctions disciplinaires qui ont été appliquées pour deux salariés.

Un témoin anonyme

Cet incident est à l'origine de deux licenciements, qualifiés d'abusifs, selon notre témoin. Il est intervenu à un mois du troisième référendum d'autodétermination et prêt d'un an après les exactions commises à l'usine du Sud. Actuellement, un appel d'offres est lancé par Prony Resources pour le renouvellement du contrat des équipes de sécurisation et d'interposition.

Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Natacha Lassauce-Cognard, Claude Lindor et Laura Schintu :

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