Depuis lundi, dans le cadre des tournées en provinces, le RiMap-NC a déployé plus de 200 militaires sur les communes de Bourail, de Moindou, de Sarraméa et de Kouaoua.
L’objectif est d’offrir aux militaires en mission de courte durée (quatre mois), qui représentent 70% du personnel, de se familiariser aux spécificités locales et de mieux connaître les populations du pays ainsi que celles de Wallis-et-Futuna.
"Être au plus près du réel"
"L'objectif, c'est d'essayer d'être au plus près du réel en cas de déploiement, explique le colonel Hubert Morot, chef de corps du RiMap-NC. Le maintien du lien avec le monde mélanésien, avec les tribus réparties sur tout le territoire est un travail de fond. Les Fanc, forces armées en Nouvelle-Calédonie, souhaitent que ce lien soit maintenu. En cas de déploiement, on travaillera au profit de la population et avec la population, et si ce lien n'est pas entretenu, ça ne marchera pas."
Le RiMap-NC s’appuie ainsi sur les tribus qui sont prêtes à les recevoir et à les accueillir pour vivre avec elles, comprendre leurs problématiques et leurs besoins. Ce concept est unique dans l’armée de terre française, à l’image de la cellule Brousse du régiment, en charge de l’organisation des journées en province.
Échange humain
"C'est une cellule qui travaille au profit de toutes les forces armées en Nouvelle-Calédonie, poursuit le colonel. C'est vraiment le point de contact privilégié, le point d'entrée vers le monde coutumier, ses traditions et son mode de fonctionnement, notamment les chemins coutumiers. Quand le général, par exemple, souhaite aller en tribu, il peut faire appel à la cellule Brousse. Le prétexte des travaux, c'est bien d'aller à la rencontre, mais ce prétexte est pris sous la condition de l'échange humain, et de faire les travaux en commun. On n'est pas là pour assister, mais là pour aider, appuyer. On fait les choses en commun, et c'est ça qui crée le lien. Si on vient juste pour faire une prestation, comme une entreprise de travaux publics, ça n'a aucun intérêt."
Ce lien nous permet d'entrer dans le monde kanak dont nous, de passage de Métropole, ne maîtrisons pas tous les codes.
Colonel Hubert Morot.
Des échanges qui permettent également de mieux faire connaître les armées, notamment auprès des jeunes en tribu, qui n'ont pas forcément la connaissance de ces dispositifs. "On les informe sur le RSMA, sur les possibilités de s'engager dans les armées en général, dans l'armée de terre en particulier, puisqu'on porte l'uniforme. Et puis aussi sur la réserve du RiMap, qui permet de conjuguer vie civile et périodes militaires, sachant 200 Calédoniens font partie de la réserve du RiMap."
36 000 militaires ont participé depuis 1999
"Notre rôle, c'est le lien avec les populations mélanésiennes, précise Hyppolite Thidjite, agent technique principal de première classe de la cellule Brousse. Elle va en tribu rencontrer les autorités coutumières et, par un geste coutumier, elle demande si une section du Rimap peut passer une semaine en tribu. Une fois que la coutume de bonjour est terminée, on s'installe. Après on voit avec le chef de tribu pour réaliser les travaux, comme couler une dalle sur la tribu de Grand-Couli pour une dame retraitée, à la tribu de Pothé, ils vont couper des arbres chez un ancien, donc ça aide la population."
Depuis sa création, en 1999. Plus de 1 200 tournées en province ont été organisées en Nouvelle-Calédonie, et plus de 36 000 militaires y ont participé.
Cette semaine, six sections ont été déployées simultanément au sein des tribus de Pothé, de Gouaro, de Nediouen, de Konoé Chaoué, de Katricoin et de Moméa.