Les réactions politiques après la nomination de Christian Tein à la tête du FLNKS

Christian Tein s'exprimant pour la CCAT lors d'une mobilisation, en 2024.
C'est l'une des grandes décisions prises samedi par le 43e congrès du FLNKS à Koumac : la nomination de Christian Tein, leader de la cellule de coordination des actions de terrain, à la présidence du mouvement. Les réactions politiques se multiplient depuis.

Sans le Palika, ni l'Union progressiste en Mélanésie, l'Union calédonienne et le Rassemblement démocratique océanien, les deux autres composantes du FLNKS, ont choisi de porter Christian Tein à la présidence du front indépendantiste lors de leur congrès extraordinaire, samedi 31 août.

Le choix ne fait pas l'unanimité au sein du FLNKS. Il est également critiqué par une grande partie du camp non-indépendantiste. Christian Tein, commissaire général de l'UC, est également leader de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT).

Il est actuellement en détention provisoire à Mulhouse (Alsace) dans l'attente de son procès, notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime lors des émeutes du mois de mai 2024.

Victor Tutugoro : "L'UPM ne se reconnaît pas"

Il est le représentant de l'une des deux composantes indépendantistes absentes lors du congrès du FLNKS. Le président de l'UPM Victor Tutugoro indique que son parti "ne se reconnaît pas dans les décisions prises" et déplore "une étape de plus franchie par l'organisation au nom du FLNKS, en sachant très bien que des composantes sont absentes".

Victor Tutugoro pointe la nomination de Christian Tein "alors qu'on sait très bien que c'est le responsable de la CCAT, des émeutes, des destructions et incendies qui ont été commis ces derniers mois et qui continuent encore".

Le président de l'UPM, parti qui avait co-fondé le front en 1984, n'écarte pas le risque d'une "implosion du FLNKS puisqu'un certain nombre de militants ne se reconnaissent plus" dans les positions adoptées.

Sa réaction avec Marion Thellier :

Charles Washetine (Palika) se questionne lui aussi

Autre parti absent du congrès : le Palika. Après avoir rappelé que le FLNKS fonctionnait "de manière collégiale depuis 2002", son porte-parole Charles Washetine s'interroge : "Qu'est-ce que cette nomination apporterait de plus ?"

"Il y a des sujets qu'il faut impérativement traiter, notamment la reconstruction du pays donc il faut sortir de la crise de manière prioritaire et c'est ce qu'on a demandé au FLNKS", conclut-il.

Laurie Humuni (RDO) : "Il faut se féliciter"

De son côté, le RDO, présent avec l'Union calédonienne au congrès du FLNKS, salue la décision adoptée ce week-end. "Il faut se féliciter d'avoir pu positionner un chef de file. C'est une demande qui a toujours été faite par le RDO au sein du FLNKS. Avoir un président, c'est aussi en lien avec notre façon de vivre et nos coutumes. On a toujours eu un chef pour pouvoir nous guider, nous diriger et surtout apporter la paix dans notre pays", estime Laurie Humuni, secrétaire générale du mouvement.

"Il va falloir aussi qu'on désigne un vice-président et un bureau politique composé de tous les groupes de pression pour pouvoir faire le travail", conclut-elle.

Sa réaction avec Coralie Cochin :

"Une nomination qui interroge" pour Virginie Ruffenach (Rassemblement)

Les Loyalistes et le Rassemblement ont diffusé dans l'après-midi un communiqué commun, pointant une "funeste provocation qui constitue un point de non-retour" et estimant que "le FLNKS, noyauté et absorbé par la CCAT, ne peut plus être considéré comme un interlocuteur légitime par les Loyalistes et le Rassemblement-LR".

Une prise de position qui semblait déjà se dessiner en fin de matinée, au moment où nous interrogions Viriginie Ruffenach. La présidente du groupe Rassemblement se posait alors la question de "savoir si le FLNKS existe encore quand les décisions sont prises sans le Palika et l'UPM" et si le front reste "un interlocuteur d'avenir et reconnu par l'Etat si Christian Tein est à la tête de cette mouvance".

Sa réaction au micro de Marion Thellier et Cedric Michaut :

©nouvellecaledonie

Selon Nicolas Metzdorf, "l'UC et le RDO ont totalement sombré"

Le député de la première circonscription n'a pas mâché ses mots après l'annonce de la nomination de Christian Tein. Pour lui, l'UC et le RDO, seules composantes du front présentes au congrès de Koumac, ont "totalement sombré".

Pour Nicolas Metzdorf, les deux partis indépendantistes "ne sont définitivement plus crédibles et n’entrent plus dans le champ démocratique." Par conséquent, "toute collaboration avec des élus de ces partis politiques est désormais impossible".

Sonia Backès : "La fin du FLNKS ?"

Pour Sonia Backès, la décision jette un voile sur l'avenir du mouvement indépendantiste. Sur les réseaux sociaux, la présidente de la province Sud estime que "l’élection de Christian Tein à la présidence du FLNKS fait voler le front en éclat, le Palika et l’UPM, (qui ont) affirmé ne pas être engagés par les décisions qui seraient prises à ce congrès."

"Ce qui est certain c’est que désormais, pour les procédures judiciaires il n’y a plus de doute sur l’imbrication entre les commanditaires UC et CCAT".