Le temps est l'élément fondamental dans les pratiques funéraires kanak. Que ce soit pour le deuil, ou la levée de deuil, le temps est primordial. Il permet aux clans d'organiser la cérémonie selon un rite précis. D'abord, l'entrée sur le lieu du travail coutumier de la famille, ensuite des clans alliés et enfin des oncles maternels. Ces derniers reprennent symboliquement le corps jusqu'à son inhumation. Par exemple, ils ont la charge de refermer le cercueil.
Ne pas perdre le sens
Ce rituel est désormais perturbé sous l'effet de la pression Covid. "La crise passe par une réduction de la pratique qui prenait d'autres temps, une semaine ou deux semaines. On va s'adapter, on va réduire, mais l'essentiel est de ne pas perdre le sens. Parce qu'un rite est important, explique John Passa, sociologue, membre du groupe experts du gouvernement. Un rite funéraire permet de continuer à garder du sens à la société dans laquelle les gens vivent."
Mais comment appréhender un changement lorsqu'en période normale, le chemin du deuil a du mal à prendre des raccourcis ? Dans la mémoire des clans, quelles que soient les adaptations en cours, on conserve les secrets qui entourent le passage des morts pour rejoindre le pays invisible des ancêtres.
Des malades confinés à cause de la lèpre
Si la temporalité du deuil est pour l'heure chaotique, l'histoire rappelle, qu'au milieu du XIXe siècle, l'épidémie de lèpre avait confiné des malades dans des endroits isolés, obligeant la société calédonienne, et kanak en particulier, à s'adapter au contexte sanitaire de l'époque.
Le reportage de Thérèse Waïa et Claude Lindor :