Les solutions pour réduire les attaques de requin de la biologiste Sara Andreotti

Le film Les dents de la mer, sorti en 1975, a largement contribué a présenter le requin comme un mangeur d'hommes
Une conférence sur l’interaction homme-requin a attiré plus de 200 personnes hier soir au Cercle nautique calédonien de Nouméa. La biologiste marine Sara Andreotti a partagé ses observations sur le comportement de ces grands prédateurs, et présenté sa barrière de protection du littoral.

"Qui a déjà rencontré ou intéragi avec un requin ? Qui a une appréhension à l'idée de se baigner ? Qui est subjugué à la vue de la faune marine ou d'un documentaire ?" A ces questions, la majorité du public lève la main. Les places assises sont toutes occupées, plusieurs dizaines de personnes sont debout au Cercle nautique calédonien pour écouter Sara Andreotti. L'introduction passée, la chercheuse de l'université de Stellenbosch, en Afrique du sud, s'applique à déconstruire l'image répandue à propos des squales.

Sara Andreotti

"Plus de quarante ans après les dents de la mer, des films et des documentaires racontent la même histoire erronée... J'ai compté combien de fois les médias reprennent l'information dès qu'une attaque a lieu." A l'aide de vidéos tournées en Afrique du sud ou aux Bahamas, on comprend que le grand blanc est joueur, curieux, que chaque spécimen a son propre caractère.

Quant aux humains, ils ont la fâcheuse tendance à se parer de couleurs très vives sous l'eau. Cela les fait ressembler à des leurres, des appâts de pêche. Pour éviter une mauvaise rencontre, il faut maintenir le contact visuel avec le requin, ne pas le poursuivre avec un appareil photo au risque de l'énerver ou l'inquiéter avec le reflet de l'objectif. "Les attaques ont lieu s'ils se sentent provoqués, en danger", affirme Sara Andreotti.

Appel d'offres pour la Baie-des-citrons

Mais qu'est venue faire une biologiste en poste en Afrique du Sud en Nouvelle-Calédonie ? Si Sara Andreotti comptabilise six attaques mortelles de requins par an dans le monde, elle se dit sensible à la problématique. Elle a donc candidaté à l'appel d'offres de la mairie de Nouméa pour la "conception, la réalisation et l'entretien d'une barrière anti-requin à la baie des Citrons."

"Je suis venue pour me rendre compte du problème à Nouméa et voir si notre système pouvait être une bonne solution, et c'est le cas. J'ai rencontré un partenaire local avec qui travailler et présenter un projet à la municipalité." Cette barrière inspirée de la nature, plus précisément des forêts sous-marines de kelp, allie des systèmes de dissuasion visuel et magnétique. Au moment de son déploiement en phase de test à la Réunion, le Centre sécurité requin avait publié une brochure explicative.

A l'issue de la conférence, une femme a interrogé la scientifique : Avez-vous déjà installé ce dispositif sur une plage où il n'y avait eu aucune attaque ? La réponse, négative, a interpellé Hubert Géraux, spécialiste de la conservation au WWF France. "Nouméa serait la première ville où l'on dépense 100 ou 200 millions, à un endroit où il n'y a jamais eu d'attaque. C'est beaucoup d'argent public pour rassurer les Nouméens... Mais dès que vous serez en dehors de cette petite piscine municipale, c'est à vos risques et périls ! Alors qu'on a besoin de cet argent pour limiter et répondre aux facteurs d'attraction des requins sur nos littoraux."