Comme en août dernier, le mouvement initié par le syndicat des rouleurs et du BTP s'est rapidement fait ressentir sur le quotidien des Calédoniens. Depuis hier, lundi, les automobilistes font le tour des stations-service à la recherche de carburant.
Mission quasi impossible en ce mardi 20 décembre. Les pompes sont à sec, comme le constate cette infirmière, dont le réservoir est sur la réserve. "C'est la galère, surtout pour les professionnels de santé."
On travaille avec notre voiture. Je ne sais pas comment je vais finir ma tournée.
Une infirmière libérale
Des voitures laissées en Brousse faute d'essence
C'est l'essence qui a manqué en premier, constate cette autre automobiliste, à la recherche de gazole. "Il en restait un fond mais dix minutes après, c'était fini", témoigne-t-elle, après son passage dans une station-service de Motor-Pool, à Nouméa. Sa directrice a eu moins de chance qu'elle. "Elle a dû laisser sa voiture à Bourail, parce qu'elle était sur la réserve".
Ça pénalise tout le monde. On ne peut pas aller au travail, ramener les enfants.
Une automobiliste
Rush sur le carburant
Dans cette station-service du Faubourg-Blanchot, les cuves sont remplies tous les deux jours. Mais l'établissement n'a pas pu être livré lundi, en raison de ce mouvement de grogne. "On a vu un rush immense et là, on s'est dit que c'était pas bon. On n'a plus d'essence depuis hier, 17 h, et on n'a plus de gazole non plus, depuis ce matin", déplore une pompiste.
Même constat en province Nord, où les réserves d'essence sont épuisées et le gazole rationné pour les véhicules d'urgence, notamment les ambulances. Mais là aussi, le risque de voir les cuves arriver à sec est imminent.
A Poindimié, la seule station ouverte du village ne distribue plus d’essence au grand public depuis lundi soir 18h. La fin des stocks est réservée aux services prioritaires. D’après le gérant, Eric Manuguerra, la situation risque de se compliquer dès mercredi fin de matinée."J'imagine qu'il y aura des approvisionnements sur des grosses stations de Nouméa et qu'on passera peut-être en second plan. Je pense que dans le meilleur des cas on pourrait être livrés jeudi dans l'après-midi ou éventuellement vendredi si ça se débloque mercredi. Pour l'instant tout ça c'est hypothétique".
Et à Hienghène, à Ténem, mardi soir il y avait encore un peu de stock d’essence, mais plus de gazoil. Les habitants peuvent sont limités à 20 litres. Et les véhicules prioritaires peuvent encore faire le plein. Les stocks devraient tenir jusqu’à mercredi matin.
On est passé en mode survie
Eric Manuguerra, gérant de station-service à Poindimié
Des revendications laissées sans réponse
Du côté de la presqu'île de Ducos, où se trouvent les dépôts de carburant, le syndicat des rouleurs et du BTP a entamé ce mardi son deuxième jour de mobilisation, en postant des camions aux rond-points de Papeete et de Tindu.
Il considère que ses revendications du mois d'août dernier n'ont pas été entendues par le gouvernement. A savoir une une ristourne sur le prix du gazole à la pompe, une revalorisation du tarif horaire et une aide à l'achat pour les pièces détachées, à l'image des rouleurs sur mine. "Même les agriculteurs sont exonérés, lâche Christophe Ramadi, le président du Syndicat des rouleurs et du BTP. Alors que nous aussi on contribue à l'économie du pays."
En début d'après-midi, ce mardi, le haussariat devait lancer une réquisition des dépôts de carburant, pour les services d'urgence que sont le Samu, les pompiers ou encore les forces de l'ordre.