En 2019, des investissements exceptionnels ont été réalisés dans le secteur des transports et de la pêche. En parallèle, la production et les exportations de l’industrie du nickel ont été réduits.
La balance des paiements retrace, sur une période donnée, l'ensemble des transactions, commerciales et financières, entre un pays et le reste du monde. L'IEOM vient de publier son rapport annuel pour l'année 2019. La Nouvelle-Calédonie présente un déficit important et structurel de sa balance des transactions courantes (-77 milliards XPF). Ce déficit double quasiment sur l’année (-40 milliards XPF en 2018).
Les pays partenaires
La Nouvelle-Calédonie entretient des relations soutenues avec la France. L'Hexagone représente :
- 45 % des transactions courantes
- 19 % des échanges de biens
- 56 % des échanges de services
La Chine représente :
- 16 % des transactions courantes
- 28 % des échanges de biens
Un déficit structurel
Comme beaucoup de pays et collectivités insulaires, le Caillou reste dépendant de l’extérieur. Ceci se traduit par une balance des paiements continuellement déficitaire. Ses achats de biens, de services et de capitaux sont supérieurs à ses ventes ou exportations ( recettes). La Nouvelle-Calédonie a un besoin de financement de 77 milliards XPF pour couvrir ses acquisitions.
Un déficit qui s'accentue en un an
En 2019, les transactions de la Nouvelle-Calédonie avec la France, la Chine et les pays de la zone Asie-Pacifique, ont augmenté.
Quelles sont les importations qui ont creusé le déficit ?
- Les biens d'investissements
Le Caillou a investi à la hausse dans le domaine du transport, avec l’importation des bus Tanéo, l'acquisiton des navires de pêche hauturière ainsi que le renouvellement de la flotte aérienne d'Aircalin. Les importations augmentent de +25 milliards XPF, pour tabler à 301 milliards XPF, suite aux importants investissements réalisés dans le secteur des transports.
Les importations de biens d’investissements représentent un tiers des importations calédoniennes en 2019 (contre un quart en 2017 et 2018). Elles progressent sensiblement (+40,4 %).
Les premiers fournisseurs avec 43% de part de marché sont l'Union Européenne et la France.
- Les services
L’activité de transport maritime, essentiellement tournée vers l’acheminement de marchandises en Nouvelle-Calédonie et l’expédition hors du territoire de minerais et produits de l’industrie du nickel s’est intensifiée sur l’année 2019.
Cela a accentué le déficit des services de transports maritime (à 22 milliards XPF après 19 milliards XPF en 2018) et plus globalement de celui de la balance des services +6,4 %. Le déficit des échanges de services continue de se creuser (+3 milliards XPF) et se positionne à -44 milliards XPF.
La balance des « voyages » devient déficitaire (- 41 millions après + 900 millions XPF en 2018) : les dépenses des résidents à l’étranger dépassent désormais les recettes touristiques du territoire.
Des exportations en recul
- Les biens d'investissements
Les exportations, composées à 94 % de minerai et de métal (biens intermédiaires) sont en baisse en 2019, reflétant un recul de l’activité métallurgique. En effet, la production de métal s’est contractée sur l’année : ferronickel (-14 %), oxyde de nickel (-33 %) et de carbonate de cobalt (-25 %).
Résultat : les exportations se réduisent de -14 milliards XPF, et se fixent à -184 milliards XPF.
En revanche, l’année 2019 est marquée par de nouvelles autorisations d’export de minerais délivrées par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Ces dernières permettent d’exporter du minerai de nickel non valorisable localement, entrainant une hausse des ventes malgré la diminution de l’extraction minière (-8 %).
Le premier client du territoire, la Chine se maintient et renforce sa place en comptabilisant à elle seule 56% du total exporté, suivi de la Corée du Sud et du Japon.
Les flux de capitaux
Les capitaux « entrants » appelés « investissements directs » ont augmenté de +43 milliards XFP. Cette hausse est liée aux opérations financières entre maisons-mères et filiales de l'industrie nickel, pour renflouer les pertes d'exploitation des trois métallurgistes sur plusieurs exercices ( - 379 milliards XPF en 2019, après -47 milliards XPF en 2018). Ces investissements sont principalement répartis géographiquement entre le Canada (Vale NC) , la Suisse (KNS) , et la France (SLN).
Moins d'immobiliers et plus de titres financiers
Concernant les investissements « sortants ». Ils portent essentiellement sur l'immobilier. Les achats immobiliers des calédoniens se replient de 14,7% ( 10 milliards XPF en 2019 après 12 milliards XPF en 2018). En revanche, les ventes ont augmenté de 12,9% ( 2,6 milliards XPF après 2,3 milliards XPF en 2018. Ces investissements sont réalisés principalement en Australie ( 25% des achats), au Vanuatu ( 20%) , en Nouvelle-Zélande (16%) , en Italie (12%) et en Thaïlande (10%).
Concernant les placements dans des titres émis hors territoire, ces investissements de portefeuille enregistrent un solde déficitaire de 4 milliards XPF, qui s'est largement accentué par rapport à 2018. En cause : augmentation des avoirs c'est-à-dire que les achats de titres des calédoniens sont supérieurs à leurs cessions sur l'année 2019. En effet, depuis la crise financière, explique l'IEOM, de 2008 à 2013, leurs ventes de titres étrangers étaient supérieurs à leurs achats. Or, depuis 2014, les résidents reconstituent leur portefeuille "boursier".
Reportage Nadine Goapana