Lexique et jeu vidéo pour faire vivre les langues kanak

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Pour pérenniser et faire perdurer les langues et dialectes ancestraux, les initiatives sont nombreuses. L’Académie des langues kanak porte ce combat depuis plus d’une décennie. Derniers outils en date : un lexique de Sîshëë et un jeu video local, "Waika, l'enfant dieu".

Le Sîshëë, langue « relique »

Elle était annoncée mourante depuis 1946. Le Sîshëë, langue utilisée par les rebelles durant l'insurrection de 1878 se fait de plus en plus rare du côté de Moindou et de Bourail. Mais le dialecte a depuis les années 70 son lexique grâce à Claude Lercardo, linguiste et chercheur de l'UNESCO. Un ouvrage réédité par l'Académie des langues kanak. Un travail nécessaire pour Emmanuel Kasarherou, adjoint au directeur du patrimoine et des collections au musée du Quai Branly, qui en signe la préface.
« C’est une langue relique mais qui par ce travail continue à exister, qui est parlée encore par cinq locuteurs actifs dans la région de Moindou et qui nous donne une image d’une organisation sociale, d’une vision du monde de cette région particulière de la Calédonie et du passé ». 

 

Partager sa culture

Un moyen de conserver les bases linguistiques et de partager sa culture cher à Prosper Poédi, chargé de mission au sein de l'académie des langues kanak. Il réalise la collecte des informations sur le terrain, auprès des rares locuteurs actifs restants.
« C’est quelque chose de très important parce qu’elle pose les bases linguistiques et pédagogiques pour les futurs étudiants et chercheurs. Nous sommes à l’aube des travaux en ce qui concerne la collecte du patrimoine dans un état d’esprit de partage pour un destin commun,  c’est à dire faire en sorte qu’on puisse collecter le maximum d’informations pour que çà puisse être accessible à un grand nombre de populations en Nouvelle-Calédonie pour que les gens puissent se comprendre au niveau des différentes cultures ».
Les aires coutumières et les langues kanak
 

« Waika, l’enfant dieu »

Autre moyen de faire perdurer les langues et les spécificités culturelles à destination des plus jeunes : à travers les jeux vidéo. "Waika, l'enfant dieu", c'est un jeu vidéo dans lequel Waika, un jeune kanak vogue entre la grande terre et les îles à la recherche de son frère perdu. L'occasion de partager la culture locale chère à Julien Del Valle, membre du studio de jeu vidéo Waika :
« C’est important pour moi, et surtout j’ai grandi ici, j’ai vécu avec cette culture, et je pense que c’est un media qui manque aujourd’hui à la culture et qui peut être un bon moyen localement de faire découvrir certains contes, des histoires, comme à l’international, de montrer aussi que la Calédonie, c’est plus que on a une belle verdure. Il y a aussi une culture, il y a des gens, il y a des langues, il y a des traditions qui sont là ».   
Monde des morts et des vivants, découverte des langues, les contes et légendes locales s'exposeront en version numérique et interactive dès le premier trimestre 2020. Quatre épisodes devraient ensuite être dévoilés à six mois d’intervalle chacun.
 

Un travail reconnu

L’ALK se félicite également des projets effectués en matière éducative, à la suite de la publication du rapport du Conseil Economique Social et Environnemental relatif à la valorisation des langues des Outre-Mer
Dans ce rapport, « les langues de Nouvelle-Calédonie, les langues kanak notamment, présentent une situation de lutte où nous essayons de les valoriser à travers nos publications, à travers nos enquêtes, à travers les événementiels » explique Weniko Ihage, directeur de l'Académie des langues kanak.
Le reportage de Nadine Goapana et José Solia 
©nouvellecaledonie