Les agriculteurs paient cher les conséquences des fortes pluies tombées depuis le 11 janvier. La Cama, la caisse d'assurances mutuelles agricoles, a enregistré 260 demandes d'indemnisation et, bien sûr, la dépression Lucas n'a fait qu'aggraver la situation, notamment à Dumbéa.
C'est un spectacle de désolation, dans l'une des seize serres de tomates du Jardin calédonien. Ici les vents générés par la dépression tropicale forte Lucas n'ont pas fait dans le détail. Résultat: les plants ont séché en l'espace de trois jours, tout doit être détruit. « Il y a eu une très forte dégradation des plants, à cause de cet excès d'eau, plus le vent, les plants ont complètement séché. On était sur une fin de culture, mais on espérait encore effectuer quinze jours de récolte », détaille David Robert, co-gérant du Jardin calédonien. Le moral est au plus bas, d'autant que ce sont toutes les cultures qui ont été touchées.
Un certain temps avant de replanter
Au plus fort de la dépression, l'eau est montée rapidement à des niveaux que cette exploitation, située à Dumbéa, a rarement connu. « On a enlevé ce qu'il y avait à enlever, on a commandé de jeunes plants élevés en pépinière. Donc, il faut attendre un certain temps avant de pouvoir les planter. Pour tout ce qui a été mis en place il y a trois ans, on repart à zéro », raconte avec émotion Sabrina Ecoiffier, co-gérante du Jardin calédonien.
30% de pertes sur l'ensemble des cultures
L'exploitation du Jardin calédonien, c'est en chiffres : 4 hectares de culture hors sol, la même chose en culture sous serre et une dizaine d'hectares réservée à la banane. Ici aussi, les inondations ont rincé les milliers de jeunes plants de bananiers, laissant les racines à découvert. « Si on veut sauver une partie des plants, ça sera de toute façon du travail manuel et pas mécanique », complète Hervé Mazurais, co-gérant du jardin calédonien. « Sur les quinze prochains jours, voir les trois prochaines semaines, on pourra donner une estimation plus précise des dégâts, mais on peut d'ores et déjà dire que sur l'ensemble de l'exploitation il y a au moins 30% de pertes, sur l'ensemble des cultures. »
Cinquante millions de dégâts rien que pour les pluies
L'estimation des dégâts générés par la dépression Lucas ne fait que commencer. Mais pour la Cama, la caisse d'assurance mutuelle agricole, la note risque d'être salée, car il faut ajouter l'indemnisation de ses sociétaires sinistrés, suite aux précédents épisodes pluvieux. « On a reçu 260 déclarations de sinistres pour 27 communes du territoire. Après avoir étudié un peu les dossiers, on en est à une cinquantaine de millions de dégâts, pour les pluies de mi décembre et de début janvier », assure Jean-Claude Condoya, président de la Cama. Et selon la Cama, le montant des dégâts indemnisés après Lucas sera beaucoup plus important.
Le reportage de Thérèse Waïa et Claude Lindor :