La lutte contre les feux du Mont-Dore devrait durer jusqu'à lundi

Passage de l'hélicoptère bombardier d'eau au-dessus du lotissement Schohn, à La Coulée.
Il faudra encore trois jours, selon la sécurité civile, avant de venir à bout des incendies qui ravagent le Mont-Dore. Après la tournure très inquiétante prise hier par le feu qu'un vent tournant a dispersé, des moyens conséquents sont de nouveau déployés. La situation évolue de façon favorable.
Après la montée en puissance des feux près de zones habitées, ce vendredi, la vie a repris un cours un peu plus habituel, ce matin, dans la partie Sud du Mont-Dore. La circulation se fait normalement, même si on croise de nombreux véhicules de pompiers sirène allumée. Le centre commercial de La Coulée, qui avait dû fermer prématurément hier, a rouvert et accueille son petit marché mensuel. Reprise également pour la station-service voisine. 

Comme ceux de Païta, ici en action à La Coulée, les pompiers de Nouméa et Dumbéa ont quitté le terrain mondorien.

Une partie de la nuit

Mais les incendies demeurent au cœur de l’actualité et la lutte contre les feux s’annonçait encore compliquée. Des moyens ont été déployés jusqu’à 3h30 cette nuit, par exemple sur le lotissement Ardimanni de La Coulée, ce qui a permis de sécuriser les zones résidentielles.


Seize engins et quarante pompiers​

Et depuis tôt ce matin, sapeurs, policiers, gendarmes et agents communaux sont de nouveau à pied d’œuvre. A la mi-journée, on décomptait seize engins de secours et quarante pompiers engagés, sans parler des autres agents. La priorité reste la protection de la population et des habitations dans la zone de La Coulée - Mouirange, où le risque de reprise de feu est jugé très important.

Ce matin entre le pont de La Coulée et le début de la route de La Corniche.

Moins de moyens vers le Champ de bataille

«Depuis 6 heures, une douzaine de véhicules avec trente sapeurs-pompiers sont concentrés sur le secteur péri-urbain de La Coulée, détaillait ce midi le capitaine Thomas de la sécurité civile. Et seulement trois engins de secours, quatre sapeurs-pompiers et quatre agents provinciaux du parc de la rivière Bleue sont cantonnés sur la sécurisation des lisières en bordure du Champ de bataille.»

Les moyens regroupés près du terrain de rugby avant d'être répartis.

Triple dispositif à La Coulée

A La Coulée, la répartition des moyens a ciblé le massif limitrophe avec la montagne des Sources, un objectif étant que le front de flammes ne passe pas du côté de la réserve intégrale. «L’hélicoptère bombardier d’eau a fait son travail ce matin. Il a décroché en ce moment, mais on a un deuxième hélicoptère prêt à partir, décrivait l'officier. On a un deuxième dispositif périurbain qui sécurise les habitats. Enfin, un troisième dispositif autour de la RP1 qui a pour objectif de limiter la production de fumée, de manière à favoriser la circulation dans des conditions satisfaisantes de sécurité.»
Ecoutez ses propos recueillis par Isabelle Peltier.

«La météo va nous aider»

Une lutte au long cours, puisque les secours prévoient encore au moins trois jours d’intervention. «La météo va nous aider, expliquait le même capitaine Thomas à Angélique Souche durant la matinale radio, puisque le vent sur zone devrait faiblir aujourd’hui, demain et après-demain. Je pense qu’on va avoir trois journées pour profiter de cette accalmie, pour fixer les foyers secondaires et se consacrer principalement aux fronts de flammes les plus virulents et qui nécessitent le plus de moyens hydrauliques. »

Cette maison du morcellement Schohn a brûlé vendredi.

Une maison brûlée 

Hier, la progression des feux dispersés par un vent tournant a rendu la situation très difficile et a causé des dégâts. Depuis le début des incendies, mercredi après-midi, plus de 1100 hectares sont partis en fumée, environ 600 vers la mine Ada et 500 à Mouirange - La Coulée. Une maison a brûlé dans le morcellement Schohn, au bout de la rue des Artisans. «Quand le feu est arrivé, il est arrivé très vite», décrit une voisine. Alors qu’une partie de sa famille se trouve en vacances hors de Calédonie, le propriétaire a été logé par ces voisins et devrait être pris en charge par des proches. Plusieurs exploitations agricoles ont également été ravagées.

Eric Backès et Eric Gay après un survol des zones impactées.

«Cellule de soutien aux victimes»

«On va activer une cellule de soutien aux victimes», annonçait Eric Gay ce matin. Le maire du Mont-Dore venait d’effectuer un survol des zones impactées avec l’hélicoptère de la sécurité civile et son directeur Eric Backès. Eric Gay qui remercie encore une fois les communes de l’agglomération et la Nouvelle-Calédonie pour leur soutien. «Comme à chaque fois sur un tel événement, notamment sur une phase forte comme on en a connue hier, on tire des leçons et des axes d’amélioration, a glissé l'élu, mais je pense que tout le monde était là où il devait être.»

Entrée du lotissement Schohn samedi matin.

Entre midi et 14 heures​

Comme hier à la même heure, les conditions sont optimales, remarquait alors Eric Backès. «En début de journée, il n’y a pas de vent, on n’est pas sur les heures les plus chaudes et on bénéficie de la fraîcheur de la nuit. La crainte, c’est le créneau 12 heures - 14 heures.» 

Largage d'eau par hélico au-dessus du morcellement Schohn.

Treize personnes ont dormi au centre de secours​

Ce vendredi, une centaine de riverains ont dû être évacués. Certains ont rejoint le centre de secours installé par la commune depuis jeudi dans la salle omnisports du Vallon-Dore, à La Briquèterie. Treize adultes et enfants y ont passé la nuit, des habitants des Jardins de Belep et une famille d’Ardimanni, parfois en grande détresse.

A l'intérieur du lotissement Ardimanni samedi matin.

«J'ai peur du feu»

«J’ai paniqué, un peu», racontait cette femme hier soir. «Je suis partie parce que j’ai peur du feu, relatait une autre. J’étais toute seule, les petits-enfants sont partis pour aller travailler et ils m’ont laissée à la maison. Et voilà que la mairie du Mont-Dore nous a envoyé tous ses agents pour venir nous prévenir.» «On est partis parce que ma femme est asthmatique, qu’il y avait beaucoup de fumée, beaucoup de flammèches qui arrivaient et comme le terrain a beaucoup de bois de fer, on avait peur que ça prenne feu», décrivait ce père de famille très inquiet pour sa maison et «un peu désespéré».
Ecoutez leurs témoignages recueillis par Laura Shintu et Michel Bouilliez.

Pas de feu !

Des Mondoriens ont spontanément déposé des dons à ce centre d’urgence. Une autre façon d’aider, c’est de suivre trois conseils des pompiers.
• D’abord, ne pas faire de feu! Ce matin encore, des habitants ou des professionnels brûlaient des déchets verts ou nettoyaient par les flammes!
• Deuxième conseil, faire attention sur la route, notamment à la vitesse, alors que des pompiers interviennent à de nombreux endroits et parfois sur le bas-côté.
• Enfin, débrousser autour de sa maison pour prévenir la propagation d’un feu.

Camion garé au bord de la RP1.

 

Les parcs du Grand Sud fermés
Dans ce contexte d’incendie et parce que des personnels aident à la lutte contre les feux, les structures provinciales du Grand Sud sont fermées: le parc de la rivière Bleue, Netcha, les chutes de la Madeleine et les Bois du Sud.