En Macédoine, le nickel et sa part d’ombre

La ligne des nuages et le lac d'Ohrid marque la frontière entre l'Albanie et la république de Macédoine en arrière plan.
Les achats chinois de ferronickel pour l’inox ont dopé les cours du métal à la Bourse des métaux de Londres. Le métal pur a repassé le seuil des 11.000 dollars (4,99$ par livre). Un peu moins de ferronickel macédonien sur le marché asiatique ne fait pas de mal non plus. 
Il n’est pas calédonien mais macédonien. Du nickel, plus pauvre, mais qui permet de faire tourner une usine. C’est une antique terre de mines et de fonderies dont l’histoire remonte aux conquêtes d’Alexandre le Grand. L’été dernier, deux scientifiques calédoniens, Amid Amir et Bruno Fogliani avaient participé, tout près, à Tirana en Albanie au congrès international sur les plantes hyper accumulatrices de…nickel.

Une usine de ferronickel 
En Macédoine, au nord de la Grèce, à mi-chemin de Skopje la capitale, et du port grec de Thessalonique par où s’exportent ses conteneurs d’alliage de ferronickel vers la Chine, Cunico Ressources a fortement réduit la production de son usine située à Kavadarci. Officiellement, la direction de FeNi Industries négocie un prêt du gouvernement macédonien et revoit la gestion de l’usine de nickel. "L’usine n'a pas cessé de produire, mais elle a fortement réduit la puissance de ses fours. Ce n'est pas lié au prix du nickel, mais à une combinaison qui associe réduction des coûts, maintenance, souci de gestion et problème de gouvernance. Les discussions avec le gouvernement macédonien sont en cours » a déclaré une source proche de la direction de l’usine, vendredi 6 octobre.
Panneau marquant la frontière entre l'Albanie et la Macédoine sur le lac Ohrid
Un avenir incertain
Au plus tard dans un mois, l’usine macédonienne de ferronickel (FeNi) devrait être fixée sur son sort. Un seul de ses deux fours serait actuellement en activité pour une production qui atteint normalement 18.000 tonnes de ferronickel par an, contenant 1500 tonnes de nickel métal. « Ces chiffres sont étonnants et à prendre avec des pincettes, nous sommes dans la "zone grise" de l’Europe » commente un analyste, bon connaisseur de la production régionale de nickel. « Ce ne sont sans doute pas les salaires macédoniens qui plombent les résultats de l’usine. Mais, plutôt, l’opacité de ses actionnaires et la complexité de ses ressources minières qui combinent du nickel macédonien, turc, guatémaltèque ou philippin… »

Une autre usine au Kosovo
L’alliage de ferronickel de FeNi Cunico est vendu à des clients asiatiques, tout comme celui de l’autre usine de nickel NewCo Ferronikeli au Kosovo. « Malgré la forte demande de ferronickel, les deux usines qui appartiennent à Cunico ne couvrent sans doute pas leur coût de production », a suggéré un négociant en nickel interrogé par le Metal Bulletin. Un autre expert évoque "des dettes contractées vis-à-vis de fournisseurs amenant l’Etat macédonien à intervenir et à prendre le contrôle de l’usine". Au final, pour paraphraser Churchill, la situation de FeNi en Macédoine est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ».

Des usines pour l'inox
Seize usines de ferronickel sont en service dans le monde, deux se trouvent en Nouvelle-Calédonie. FeNi Cunico en Macédoine tourne au ralenti et la situation ne déplaît pas au marché du nickel. Ce mardi, en début d’après-midi au LME, le nickel s’échangait autour de 11.000 dollars la tonne (4,99 $ par livre), le métal est en hausse de 2,55 % depuis lundi.


Cunico Resources est détenue majoritairement par la société International Mineral Resources (IMR), une filiale basée à Zurich en Suisse appartenant au groupe Eurasian Resources, qui détient plus de 91% des actions. La holding de l’investisseur israélien Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) a conservé une petite participation de plus de 8%, ayant vendu la plus grande partie de son actif à IMR