C’est un serpent de mer qui agite le monde des télécommunications : l’autorisation de Starlink en Nouvelle-Calédonie. Pour l’heure, le monopole de l’OPT ne permet pas à l’opérateur d’Internet satellitaire de se positionner sur le marché calédonien. Officiellement seulement.
Kits de réception en vente
Car des kits Starlink sont déjà disponibles depuis plusieurs mois sur le territoire. Et ce tout à fait légalement. « On peut acheter le récepteur, car le gouvernement a fait le choix de ne pas interdire l’importation du matériel. Cependant, tant que le projet de loi de pays n’a pas été adopté par le Congrès, on n’a pas le droit de s’abonner », précise Christopher Gyges, membre du gouvernement en charge de l’économie numérique.
On peut acheter le récepteur. Cependant, tant que le projet de loi de pays n’a pas été adopté par le Congrès, on n’a pas le droit de s’abonner. »
Christopher Gyges, membre du gouvernement en charge de l'économie numérique
Zones rurales et bateaux de plaisance
De fait dans cette boutique, l’antenne Starlink trône en bonne place dans la vitrine. Le revendeur souhaite rester anonyme, « car Starlink, c’est un sujet sensible en Nouvelle-Calédonie. Mais oui, dit-il, il y a une clientèle. Principalement ceux qui habitent dans des zones non ou mal couvertes. Après moi, je vends le kit, mais ce qu’ils en font, ça ne me regarde pas. »
Il suffit en effet de disposer d’une adresse à l’étranger et de choisir un abonnement itinérant pour se connecter et contourner la réglementation. Un tarif qui n’est pas réellement concurrentiel, notamment là où la fibre est disponible. « Mais ça pourrait changer, si Starlink est autorisé à opérer, d’où selon moi les réticences de l’OPT », estime un utilisateur, lui aussi sous couvert de l’anonymat.
Xavier aussi utilise Starlink depuis plusieurs mois et ne s’en cache pas : « J’habite sur un bateau, je ne peux pas me promener avec une fibre optique qui me suit partout, donc déjà l‘OPT ne peut pas me fournir le même service que me fournit Starlink. J’en suis très satisfait, ça marche très bien et ce serait impossible pour moi de revenir en arrière. L’avantage, c’est une connexion n’importe où, dans n’importe quel lieu reculé, même éloigné de la côte et une connexion stable et rapide. » L’interdiction lui paraît d’autant plus anachronique que « les plaisanciers qui arrivent d’Australie ou de Nouvelle-Zélande ont tous Starlink à bord et qu’ils peuvent tout à fait l’utiliser, eux. »
Ça marche très bien et ce serait impossible pour moi de revenir en arrière.
Xavier, utilisateur de Starlink
Xavier aimerait « que le congrès trouve cinq minutes pour trouver un accord de partenariat avec Starlink et que l’on puisse enfin plus facilement prendre un abonnement en Nouvelle-Calédonie. »
Sécuriser les télécommunications
Et l’exemple des récentes catastrophes qui ont touché Mayotte et le Vanuatu ont montré l’intérêt du satellite : ce sont les connexions satellites qui ont en effet permis dans un premier temps de rétablir le lien avec le reste de la planète.
« Un réseau de communication terrestre n’est jamais à l’abri d’un événement naturel comme un cyclone ou un tremblement de terre malheureusement. Et avoir des opérateurs satellitaires qui pourraient venir en relais de sécurisation ce serait intéressant. Car, en Calédonie comme ailleurs dans le monde, aujourd’hui, si on n’a plus d’Internet tout s’arrête. » Selon Christopher Gyges, le projet de loi devrait être discuté courant janvier au Congrès.