Des milliers de manifestants ont défilé ce samedi dans différentes villes d'Australie. Cinq ans après sa mise en place, ils demandent l'arrêt de la politique d'immigration draconienne qui renvoie tous les migrants arrivés en bateau. Ou conduit à leur placement en camp de rétention.
AFP, avec F.T. •
Le gouvernement australien refoule systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui parviennent à passer à travers les mailles du filet sont envoyés dans des camps de rétention, sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou celle de Nauru. Cette politique draconienne a été mise en place il y a cinq ans. C'est en 2013 que l'Australie a signé des accords avec des nations du Pacifique. Et décrété que toute personne arrivée par la mer se verrait refuser la «moindre chance» de s'installer dans le pays. Voilà qui a largement dissuadé les passeurs de chercher à gagner l'Australie, où le nombre de migrants accueillis est au plus bas depuis dix ans.
«Forteresse»
Selon la Refugee action coalition, une organisation qui milite pour les droits des migrants, quelque 1 600 demandeurs d'asile demeurent à Nauru et Manus. «La politique introduite en 2013 d'expulser les gens, la "forteresse Australie" qu'ils [le gouvernement] ont mise en place, doit disparaître. Nous nous battons pour fermer les centres de détention de Manus et Nauru, et nous nous battons pour ramener ici» les migrants, a déclaré Ian Rintoul, président de l'association, ce 21 juillet à Sydney où des centaines de manifestants ont défilé. «Libérez les réfugiés», scandaient-ils tandis que certaines banderoles affichaient: «Cinq ans, c'est trop long, évacuez Manus et Nauru.»
De Perth à Melbourne
D'autres rassemblements ont eu lieu à Melbourne, Adelaide, Brisbane, Canberra et Perth. Le gouvernement estime que sa politique a sauvé des vies en décourageant les migrants de s'engager dans des traversées périlleuses en mer. Alors que les défenseurs des droits de l'Homme reprochent à la nation de tourner les dos à des gens vulnérables. Un demandeur d'asile iranien est décédé à Nauru en juin, apparemment par suicide selon Ian Rintoul. Son corps a été amené en Australie la semaine dernière, sous la pression des militants des droits des migrants. Mais la mère du défunt, qui se trouve à Nauru avec un autre fils, n'aurait pas été autorisée à venir pour les funérailles.
Douze décès en cinq ans
Il s'agit de la cinquième mort à Nauru en cinq ans, selon les défenseurs de droits de l'Homme, qui en comptabilisent sept à Manus sur la même période. Le 17 juillet, en début de semaine, Human rights watch a marqué à sa façon ce cinquième anniversaire de la politique australienne d'immigration: l'ONG a diffusé une vidéo décrivant la situation préoccupante dans les camps de rétention.