Manuel Valls et Christian Jacob: «Notre position a créé le débat»

Christian Jacob et Manuel Valls
La mission parlementaire d'information sur l'avenir institutionnel de la Calédonie a terminé son séjour sur fond de colère exprimée dans le camp indépendantiste. Invités du journal télévisé, Manuel Valls, son président, et Christian Jacob, qui en est le rapporteur, y ont répondu. Notre dossier.
«Je crois dans l'avenir de la Nouvelle-Calédonie dans la République», déclarait Manuel Valls mardi 20 février, durant le débat organisé au Congrès avec la société civile. «En disant cela, je m'engage, et les indépendantistes peuvent me le reprocher, à juste titre, demain, quand je les rencontrerai de nouveau», a complété le président de la mission parlementaire d'information sur l'avenir du pays. «Mais ils savent que je parle franchement.» Une position également endossée par le rapporteur de la mission, le député LR Christian Jacob.

Vives réactions

Effectivement, les réactions du camp indépendantiste ne se sont pas faites attendre: Uni, Union calédonienne, USTKE, sans parler du RIN qui disait sa méfiance avant même cet épisode. 
Résumé dans le reportage de Sylvie Hmeun et Michel Bouilliez.
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«Un message d'apaisement et de très grande responsabilité»

Invités de la 1ère vendredi soir, les deux parlementaires ont longuement réagi à cette levée de boucliers. «Le but de notre mission était d’être à l’écoute, d’éclairer […], de préparer les conditions de cette consultation, de débattre avec la société calédonienne et de provoquer le débat pour que chacun soit conscient des enjeux, a répondu Manuel Valls. Nous y sommes. Quand un responsable politique national, ancien Premier ministre, ou un président du principal groupe d’opposition à l’Assemblée nationale prennent position, c’est la moindre des choses, c’est normal. En même temps, nous disons que le droit à l’autodétermination des Kanak, le respect de l’Accord de Nouméa, le dialogue, la paix sont indispensables.»

«Quand un responsable politique national, ancien Premier ministre, ou un président du principal groupe d’opposition à l’Assemblée nationale prennent position, c’est la moindre des choses, c’est normal.»


Emmanuel Macron durant ses vœux aux Français.

Visite présidentielle

Dans le communiqué diffusé par l'Uni, Louis Mapou ajoutait: «Il ne restera plus qu'au Président de la République française lors de sa visite en mai 2018 à lancer la campagne du Non avec les loyalistes.» Réponse de Manuel Valls vendredi soir: «Louis Mapou, comme l’ensemble des responsables indépendantistes avec qui nous dialoguons et que je respecte beaucoup, savent parfaitement que l’Etat, le haut-commissaire, l’organisation seront totalement neutres et assureront la campagne, sa neutralité, sa sécurité. Il faut en être convaincu. Un responsable politique dit ce qu’il pense, c’est bien. Je pense que toute le monde devrait dire au cours de cette campagne ce qu’il pense. En n’oubliant jamais que ce sont les Calédoniens, et seulement eux, qui décideront de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.»

«Je pense que toute le monde devrait dire au cours de cette campagne ce qu’il pense. En n’oubliant jamais que ce sont les Calédoniens, et seulement eux, qui décideront de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.»


«Cette position a créé le débat»

Interrogé par Nadine Goapana, Christian Jacob a décrit deux facettes de l'Etat. Au sens d’administration - «son rôle est de s’assurer de la parfaite impartialité de l’organisation du scrutin» - et à travers les responsables politiques qui l'incarnent. «Nous sommes, avec Manuel Valls, des gens connus pour être de tempérament, mais je crois qu’on a dit les choses avec beaucoup de mesure et de sens des responsabilités. Le respect est important, ici, et le respect, c’est aussi accepter qu’un responsable politique émette un avis, une position, s’engage. Je note que cette position a créé le débat. Peut-être que nous avons démarré la campagne…»

Durant le débat avec les Calédoniens.

Comité des signataires

Et non, ni l'un ni l'autre ne pensent pas que la défiance exprimée envers leurs propos portera préjudice au Comité des signataires, qui doit se réunir fin mars. «Si l’on veut que la campagne se passe bien, maintient Christian Jacob, il faut qu’un certain nombre de tabous soient levés et qu’on évoque tous les sujets. Il est important que chacun puisse dire clairement quelle est sa position et peut-être proposer des solutions pour sortir de ces points de blocage.» Et de noter: «On est dans un moment qui va devenir de plus en plus politique. Chacun marque ses positions, c’est normal.»

Quid de la date et de la question?

L'échéance du référendum approche, même si le jour n'est pas encore arrêté. Le 5 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe avait exhorté les élus à fixer cette date, et à formuler la question posée. Ces recommandations ont-elles été suivies? Eléments de réponse dans le reportage de Brigitte Whaap et Cédric Michaut.
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Optimisme​

Manuel Valls se montre confiant sur ces sujets. «C’est une question de semaines et la date sera choisie, a-t-il dit à Nadine Goapana. Quant à la question, elle doit être claire et chacun doit comprendre quel est l’enjeu. Mais le plus important, c’est de dire que ce référendum est une étape, pas une fin en soi, et qu’il faut préparer la suite.» 
Enfin, Christian Jacob retient des nombreux échanges «à la fois une inquiétude qui est réelle, beaucoup de questions posées, notamment par les jeunes, et en même temps une volonté que les choses se passent bien.»

Semaine chargée

C'est donc sur un certain optimisme que la mission, forte de cinq représentants, aurait conclu sa visite de cinq jours. Une semaine très dense qui a mené la délégation en de multiples lieux. Par exemple à Lifou où il a été question de l'organisation pratique durant le référendum. Notamment la mise en place des bureaux décentralisés pour les électeurs originaires des îles. Le reportage de Philippe Kuntzmann. 
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