Le marché du nickel face à ses contradictions

Plaques de nickel pur dans un entrepôt du LME.
La demande soutenue et les faibles stocks des entrepôts du LME continuent d'alimenter les fluctuations volatiles du marché. En fin de semaine, la baisse du cuivre a pesé sur les autres métaux. Le cours du métal rouge agit sur celui du métal gris.
 
Doutes sur le niveau de la croissance chinoise, contraction de l’activité industrielle dans la zone euro, rebond du dollar, à la Bourse des métaux de Londres (LME) les échanges sur le nickel ont stagné. Et puis, comme le cours du cuivre a perdu plus de 2 % vendredi, les autres matières premières ont eu tendance à se mettre dans le sillage du roi des métaux industriels. Au-delà de l’Europe, les derniers développements concernant les négociations commerciales sino-américaines montrent qu’une normalisation est loin d’être acquise.
 

Analyses contradictoires

Malgré les tribulations du métal rouge, les analystes de Bank of America Merrill Lynch tablent toujours sur un bond des cours du nickel en raison de son rôle essentiel dans la conception des batteries des véhicules électriques, secteur en plein essor. "Le passage du secteur de l'acier inoxydable à celui des véhicules électriques comme principale source de la demande ne se produira pas avant plusieurs années", ont pondéré, pour leur part, les analystes de Commerzbank. La banque d’investissement Goldman Sachs, a également ajusté ses perspectives. Après des mois de recommandations favorables aux métaux de base, elle est devenue un peu plus prudente, "et le nickel appartient à cet environnement" a souligné la dernière publication d’Oryx Stainless, l’un des principaux négociants néerlandais de matières premières.

Dans la région Asie-Pacifique, le ministère philippin de l’Environnement a indiqué qu’il allait accélérer le traitement des demandes d’autorisations minières ce qui se traduirait par davantage de mines de nickel à ciel ouvert, "mais la production du pays serait toujours en baisse cette année" a précisé le négociant londonien Marex Spectron.
 

Commerce

Ce n’est pas un embargo total, mais le port chinois de Dalian a bloqué les importations de charbon australien alors que les autres ports ont allongé les délais de dédouanement. Ceci serait lié à des tensions bilatérales entre les deux pays. "La Chine a importé 89 Mt de charbon australien en 2018" rappel le rapport mensuel du cercle Cyclope. La Chine devrait aussi appliquer des mesures anti-dumping sur les importations d’acier inoxydable en provenance de l’Union européenne, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Indonésie afin de favoriser sa production nationale. La production d'acier inoxydable de "l'atelier du monde" a diminué en mars ce qui pourrait avoir un effet négatif sur la demande de nickel. "Le Bureau national des statistiques de Chine a indiqué que la production industrielle avait globalement diminué au cours des deux premiers mois de 2019, la production de l'industrie automobile chinoise ayant chuté de 15 %" relève le Metal Bulletin (Fastmarkets) de Londres.


Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 12.942 dollars la tonne (5,87$ par livre) vendredi à 16 h 00 GMT, +0,08 % sur la semaine.
 

Blé, fer et cobalt

La production australienne de blé est tombée au plus bas depuis onze ans à 17,3 Mt du fait de la sécheresse qui a touché le pays. La récolte 2019/2020 qui commence en avril pourrait être pire. La catastrophe de Vale au Brésil a provoqué la flambée des prix du minerai de fer qui a dépassé les 90 dollars la tonne début février et était encore à 83,99 dollars ce vendredi. Les décisions prises par Vale représentent une baisse de 10 % de ses capacités de production. Le marché du cobalt est retombé entre 18 et 20 dollars la livre après avoir atteint 40 dollars en avril 2018. La production en RDC a augmenté de 44 %.