Mathieu Manusauaki : un Montagnard chez les Bleus

Mathieu Manusauaki (n°16) avec l'équipe de France des moins de 19 ans
Retour en images et en sons sur le parcours de Mathieu Manusauaki. De ses débuts dans la rue dans le quartier des Verts Côteaux à Païta aux Spacers de Toulouse et aux équipes de France jeunes. Nous vous en parlions dans Terre de Sports dimanche soir (podcast).
Il n’a que 13 ans à cette époque. A l’Arène du Sud de Païta, l’équipe de Wallis et Futuna remporte la compétition de volleyball des Jeux du Pacifique 2011. Mathieu est dans les tribunes et admire la combativité de certains joueurs. Notamment ceux qui évoluent en élite métropolitaine et sont revenus pour défendre les couleurs de leur territoire dans la plus importante compétition sportive du Pacifique sud. Wallis et Futuna gagne de justesse contre les Cagous en demi-finale (23-25, 25-23, 25-21, 22-25, et 15-10) avant de dominer Tahiti sur la dernière marche (25-18, 25-23 et 25-22). C’est en quelque sorte, une révélation. « J’ai été impressionné par la ‘guerre’ entre les équipes au filet. Ça m’a plu ! »

Les Jeux 2011 : un tournant.

 

Les débuts dans le quartier des Verts Côteaux. Mathieu est près du filet en rouge.


Après les Jeux, il part imiter ses nouvelles idoles dans son quartier du Mont Mou avec ses proches et ses copains. Là-bas, ses parents ont crée l’association Les Montagnards pour occuper les jeunes et éviter que la petite déliquance ne les rattrape. Son oncle, Olivier Fakataulavelua, les a amené à pratiquer le volleyball, mais aussi le futsal. Quoi de plus normal pour cet ancien footballeur passé par l’AS Païta, puis l’AS Magenta. « Papy », comme il est surnommé dans le quartier, a eu la chance d’être sélectionné en équipe de Nouvelle-Calédonie de football à la fin des années 90. « C’était un rêve pour moi d’intégrer une grande sélection » dit-il. 

Olivier Fakataulavelua

Les Montagnards sur leur terrain. Debout, de gauche à droite, on voit les parents de Mathieu, Pelenatita (en rose) et Paulo (tee shirt gris foncé). Au centre de la photo, en tee-shirt blanc, son oncle Olivier Fakataulavelua.


 

Une association qui mouille le maillot pour occuper les jeunes


Mathieu, lui, s’est essayé au fustal dans un premier temps. Ce n’était pas vraiment pour lui. « On le massacrait tout le temps. On le traitait de molasse. Je crois qu’il s’est vengé dans le volley. C’est devenu un fou » témoigne son copain Warren (en jaune, accroupi, sur la photo ci-dessus), un sourire dans la voix. Au volley effectivement, ce n’est plus la même histoire. Avec son frère Raphaël, il s’amuse à sauter le plus haut possible. Lorsqu’il s’envole, il est capable d’atteindre 3m47 !  Ses attaques au dessus du filet son tellement puissantes qu’il parvient à faire revenir le ballon dans son propre camp. Ses premiers entraînements, ses premiers petits matchs, se passent juste en face de la maison de ses parents, en contrebas. En 2009, il n’y avait pas de terrain. Le bout de la rue qui mène aux habitations du lotissement a fait l’affaire. « Sur le côté gauche, il y a un regard, avec une petite buse. De l’autre côté, la barrière d’une habitation. On tirait le filet de part et d’autre et on jouait comme ça », explique Olivier. « On s’amusait jusqu’à pas d’heure des fois. Quand des voitures arrivaient, on levait le filet, et on recommençait. Pour les lignes, on utilisait des claquettes ou de la peinture quand on était vraiment motivé ! » raconte Mathieu. Il pratiquera ce volley de rue, pendant un an et demie dans son quartier.

Après avoir joué avec les Montagnards dans la rue et les tournois inter-quartiers, il rejoint l'AS Païta (N°7).


Paralèllement, avec son frère Raphaël et ses amis, la bande des Montagnards s’illustre dans les tournois amicaux inter-quartiers organisés par l’AS Païta au moment des fêtes de Noël. Aletasi Totele remarque Mathieu qui intègre l’école de volley dispensée par ce club en septembre 2010.  En 2011-2012, il remporte les championnats Province Sud et Territorial en minime, cadet et jeunes. En 2013, un double surclassement lui permet d’évoluer comme titulaire en élite, mais aussi dans la seconde et troisième équipe senior, ainsi qu’en cadet/junior. Il est sacré meilleur attaquant du championnat provincial sud dans cette dernière catégorie. Le CTR Michel Néhoune, sur les recommandations d’Atonio Totele et de Sakopo Laakapu, décide alors de le tester pour lui permettre d’aller en métropole :

Mathieu Manusauaki au pôle France de Bordeaux


Direction le pôle France de Bordeaux (n°10 sur la photo ci-dessus). Olivier Audabram, conseiller technique national et responsable de la détection nationale masculine de ce pôle, appelle Paulo et Pelenatita, les parents de Mathieu, pour les informer que la candidature de leur fils a été retenue. Une nouvelle vie commence. Le « Montagnard » entame en janvier 2014 en Gironde un parcours d’excellence sportive au sein du CREPS. Le rythme est soutenu. Mathieu alterne entre les entraînements au pôle, les matchs avec le SAM Mérignac de Bordeaux et les études. Malgré l’éloignement, il progresse et fait sa place. Il remporte le tournoi inter-pôles France cadets et termine 6e du championnat de France juniors 2014 avec le SAM. Ses qualités ne passent pas inaperçues. Entre 2014 et 2015, il rejoint l’équipe de France des moins de 19 ans. L’aventure est belle. Avec ses coéquipiers, il s’offre une 4e place dans le tournoi des 8 nations en Espagne la première année, puis la seconde, l’année suivante. Il voyage aussi en Turquie pour la Coupe d’Europe 2015 (6e) et en Argentine pour la Coupe du Monde cette même année (11ème) !

Mathieu (2e en partant de la gauche) au contre face à la Belgique aux Mondiaux U19 2015 en Argentine


 

Mathieu Manusauaki aux Mondiaux U19

Le départ pour Bordeaux et les sélections en U19


1m97 pour 105 kilos : Mathieu Manusauaki a de l’envergure du haut des 18 ans. Il a du talent également. Suffisamment pour que ses entraîneurs fassent appel à lui à différents postes. Lui, rêve cependant de s’installer comme pointu, son rôle de prédilection. Si la situation n’est pas toujours évidente à accepter, sa polyvalence joue pour lui. Au sortir du pôle France de Bordeaux, les Spacers de Toulouse, un club de Ligue A, l’ont enrôlé pour qu’il poursuive chez eux son parcours d’excellence jusqu’en 2018. Il s’entraîne depuis avec les pros et joue en Nationale 2 avec les Espoirs, et avec l’équipe junior en championnat de France.

Mathieu Manusauaki joue désormais avec les Espoirs des Spacers de Toulouse (Ligue A)

 

Le Montagnard a fait du chemin. Il a rejoint les Spacers de Toulouse, un club de l'élite métropolitaine (4e en partant de la droite).


Mathieu poursuit son apprentissage et le voilà désormais en équipe de France des moins de 21 ans. Il a été sélectionné pour un stage de préparation à la Coupe d’Europe qui se déroulera en avril prochain. Il raconte cette expérience :

Sélectionné récemment en équipe de France des moins de 21 ans !


Pendant ce temps, les Montagnards du Mont Mou continuent de jouer au volley-ball. Mais désormais, sur un terrain. Après un geste coutumier, une famille du quartier a accepté de leur céder provisoirement une petite parcelle. Papas et mamans se sont démenés pour la transformer en un terrain de volley. Des projecteurs installés dans les arbres et sur un coin de la terrasse des parents de Mathieu éclairent les joueurs la nuit. C’est mieux, et plus sécurisant, même si l’association demande depuis plus de vingt ans à la mairie, la construction d’un plateau sportif dans le quartier. 
 

RETROUVEZ LE REPORTAGE QUI LUI EST CONSACRE DANS LE TERRE DE SPORTS DU 06/03/16 :

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/emissions-radio/terre-de-sports
 

A SAVOIR
Les Spacers sont 4e au classement de la Ligue A masculine de volley-ball en 2015-2016.
https://www.lnv.fr/9/39/lam/classement-detaille.html
Leur meilleur classement a été la 3e place du championnat à l'issue de la saison 2006-2007.
L'an dernier, ils s'étaient classés 7e.
Toulouse s'est hissé à cinq reprises en demi-finale de la Coupe de France, et à chaque fois lors des trois dernières saisons.
Le club a été sacré champion de France Espoirs en 2012 et 2013.