Matière à penser : L'Indonésie souhaite un cartel des producteurs de nickel

Le Président indonésien Joko Widodo et le Président chinois Xi Jinping pendant le sommet du G20 à Bali en Indonésie
Le prix du métal a d'abord grimpé en flèche en raison des inquiétudes liées à l'offre en début de semaine, avant de corriger le tir mercredi et de baisser tout aussi rapidement, tout en restant dans une bonne moyenne de prix.

Le cours du nickel a baissé de 4,8 % cette semaine sur le London Metal Exchange (LME) après avoir flambé en début de semaine en raison de fausses informations sur un incendie dans une usine indonésienne, menaçant ainsi l'offre. A cela s'est ajouté une inquiétude du marché londonien suite à une dépêche de l'agence Bloomberg évoquant "une fuite dans un barrage de déchets à Goro en Nouvelle-Calédonie."

Mardi, le nickel a franchi la barre des 30.000 dollars la tonne, culminant à 31.275 dollars, son plus haut depuis mai.

Russie

Le LME a annoncé la semaine passée sa décision de ne pas interdire les métaux de Norilsk en provenance de Russie. Ainsi, la Bourse des métaux "reconnaît que les stocks de métal made-in-Russia dans les entrepôts pourraient bien augmenter au cours des prochains mois", a-t-elle fait savoir dans un communiqué vendredi dernier. 

De quoi "apporter un certain soulagement sur les marchés du nickel et de l'aluminium en particulier", la Russie étant un fournisseur important sur ces marchés, représentant respectivement 15% et 6% de la production mondiale, expliquent les analystes de Commerzbank.

Spéculations

Mais la tendance haussière du nickel sur la semaine s'explique par la réduction de la production sur le site de Goro en Nouvelle-Calédonie, cumulée à de fausses informations sur un incendie dans une fonderie de nickel en Indonésie. L'usine a rapidement démenti ces informations, calmant les cours, a estimé  l'AFP.

"Cette forte réaction est toutefois le signe d'une faible liquidité du marché, ce qui rend le prix du nickel susceptible de subir des fluctuations plus prononcées", soulignent les analystes de Commerzbank.

Cartel

En marge du sommet du G20 à Bali, l'Indonésie a préconisé la création d'un cartel de producteurs de nickel pour leur permettre "de tirer un rendement optimal de l'industrie des véhicules électriques et de répartir équitablement les recettes entre les pays producteurs", ont-ils également noté.

Le projet a cependant peu de chances d'aboutir selon les analystes de Commerzbank, les intérêts des pays concernés divergeant trop.

LME

Le modèle de variation des cours du nickel est positif si l’on en croit les analystes du négociant londonien Marex Spectron. Ils envisagent une hausse de 25 % et font part de leur "conviction haussière" pour les six prochains mois.

Le marché des métaux de Londres a commencé à construire une position longue et optimiste.

Sur les fils des agences financières, on apprend que General Motors a accepté de s'approvisionner auprès de Vale en s'engageant à acheter l'équivalent de 25 000 tonnes de nickel de qualité batterie par an.

Le producteur Nornickel (Norilsk) respire après la décision du LME ne pas sanctionner le nickel russe. Il a d’autres soucis mais moins graves. Nornickel s'occupe des problèmes de livraison de concentré de nickel auxquels est confrontée sa fonderie de Harjavalta en Finlande, en décidant de trouver des alternatives à sa méthode actuelle de transport ferroviaire. L’usine finlandaise était à l’origine un projet envisagé en Nouvelle-Calédonie.

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 25.752dollars vendredi à 18H 00 GMT, contre 26.925 dollars le vendredi précédent à la clôture. Cela correspond à une moyenne positive entre le bas de 18 230 dollars et le haut de 31 275 dollars. Le nickel a clôturé en hausse de 2,25 % vendredi soir au LME de Londres.