La Bourse asiatique des matières premières de Shanghai (SHFE) est fermée jusqu’au 6 avril. Les dernières statistiques industrielles (PMI) chinoises ne sont pas au beau fixe pour les métaux. Manque de confiance, négociations de gré à gré entre industriels, faibles stocks, demande importante, forte hausse des prix de l'acier inoxydable, la cotation du nickel se fait en terrain miné.
Espoir de paix
En hausse vendredi, le cours du métal a reculé sur la semaine, après les annonces de la Russie sur un retrait partiel de ses troupes en Ukraine pour concentrer son offensive sur la région russophone du Donbass, à l'est du pays.
La guerre en Ukraine a provoqué une volatilité exceptionnelle sur le marché du nickel qui s'enflamme ou pique du nez au gré des négociations, batailles ou sanctions. La Russie et l'Ukraine sont des producteurs d'une portion "particulièrement élevée des matières premières, notamment le titane et le nickel", a indiqué la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
Le géant russe Nornickel (Norilsk) représente 17% du nickel mondial de classe1 destiné, mais pas seulement, aux batteries électriques. Le nickel fait partie des métaux qui dépendent de l'offre russe, la Russie étant le deuxième producteur mondial après l’Indonésie, le nouvel eldorado du secteur. Suivent les Philippines et la Nouvelle-Calédonie, puis le Canada et l'Australie.
Ainsi, Britishvolt, un fabricant de batteries électriques développant un nouveau complexe industriel dans le nord-est du Royaume Uni, a signé un partenariat avec Bakrie and Brothers pour développer une nouvelle usine de sulfate de nickel en Indonésie.
Le nickel toujours haut
Le métal s'échange toujours à des niveaux de prix élevés, ayant pris près de 60% depuis le début de l'année. "Attention, contraction et restriction de la demande se profilent à l’horizon", prévient Alastair Munro, analyste de Marex.
L'intensité des mouvements de prix s'expliquerait notamment par la baisse du volume des échanges à la Bourse des métaux de Londres (LME). L'incertitude a fait fuir certains investisseurs, les paris devenant beaucoup plus risqués car ils peuvent alors enregistrer soit d'énormes gains, soit des pertes vertigineuses.
"On s'attendait à ce que les investisseurs se jettent sur le marché", explique Caroline Bain, de Capital Economics. Mais selon elle, c'est l'exact inverse qui s'est produit: "ils se sont retirés des marchés" rendant les niveaux de liquidité "historiquement faibles".
Spéculation hasardeuse
Facteur aggravant: avec moins de transactions, chacune a un impact plus fort. "La liquidité en a souffert", lance Tamas Varga, analyste pour PVM Energy. "Cela a conduit à des conditions de trading encore plus violentes" qui se traduisent par des amplitudes de prix parfois spectaculaires.
Spéculation hasardeuse, nervosité et manque de liquidité: le cocktail est explosif. "Le nickel est devenu le visage de cette volatilité délirante", assénait Ipek Ozkardeskaya, analyste pour la banque Swissquote, en réponse à une question de l'AFP.
LME Nickel 02/04/2022 : 33.222 dollars/tonne +3,47% [semaine - 6,39%]