Matière à penser : marché mondial et nickel russe, à prendre ou à laisser ?

Plaque de nickel pur produite dans l'usine Nornickel de Monchegorsk dans la région de Mourmansk.
Le cours du nickel est resté quasiment stable cette semaine à la Bourse des métaux de Londres (London Metal Exchange), malgré les craintes de récession mondiale qui pèsent toujours sur les métaux de base, en érodant la demande.

Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la fabrication de l’acier inoxydable mais aussi pour les batteries des véhicules électriques, le nickel est un indicateur de l'état de santé de l’industrie sidérurgique et désormais, de la transition énergétique.

Les préoccupations liées au risque de récession mondiale et la poursuite de la guerre en Ukraine pèsent donc directement sur le "métal du diable".

En zone euro par exemple, la Banque centrale européenne (BCE) prévoit une croissance de seulement 0,9% l'an prochain, mais un scénario pessimiste table sur une récession de 1%, a indiqué l’AFP.

La Banque d'Angleterre estimait fin septembre que le Royaume-Uni était déjà en récession et le dernier indicateur avancé d'activité industrielle PMI Flash Composite indique que le pays s'y dirige à grands pas.

Les métaux ont relevé la tête jusqu’en milieu de semaine, profitant de la faiblesse momentanée du dollar, mais le regain de la devise américains a assombri les perspectives. Monnaie de référence unique du marché londonien, l'appréciation du dollar pèse sur le pouvoir d'achat des investisseurs et des industriels qui utilisent d'autres devises et fait donc baisser la demande.

Malgré tout, la bonne tenue du nickel a été largement due cette semaine à la demande importante mais localisée du secteur des batteries en Chine. Selon le négociant Marex Spectron, "le nickel maintient une ligne de tendance prudemment ascendante".

Toujours selon le négociant londonien, Les stocks restent à des niveaux très faibles bien qu'en légère augmentation et en hausse à 47.500 tonnes contre 43.500 tonnes le 20 septembre pour le nickel de classe 1.

Russie

Le cours de référence du nickel pourrait donc remonter et notamment à cause de possibles sanctions à venir contre la Russie, grand pays producteur. La Bourse des métaux de Londres (LME) envisage de boycotter le négoce avec le producteur russe Nornickel.

Une décision qui ne serait pas sans conséquence pour l’industrie européenne des batteries qui dépend largement des livraisons de nickel russe, même si Vale et Glencore ont des capacités.

Le London Metal Exchange doit-il suspendre ses contrats russes ? La question a largement divisée lors des nombreux séminaires et soirées qui se sont déroulés cette semaine à Londres pour les festivités du LME.

La Chine jouera un rôle clé dans la décision du London Metal Exchange (LME) de tenter de résoudre son énigme russe, avec la possibilité que le plus grand importateur mondial de métaux devienne le marché effectif de la Russie, via la Bourse des métaux de Shanghai.

Londres

Le prix du métal a percé le récent plancher de 21 660 dollars mais a trouvé un support. La fourchette est de 20 750 dollars à 23 250 dollars pour le nickel de classe 1, avec toujours une forte décote pour le produit d’alliage de ferronickel (classe 2) produit notamment en Nouvelle-Calédonie. Il affronte la concurrence des producteurs à bas coûts, comme l’Indonésie ou Cuba.

L’International Nickel Study Group a réduit ses prévisions de hausse de la demande mondiale de ferronickel de 8,6 % en mai à 4,2 % reflétant une baisse de la production d’acier inoxydable.

LME-Nickel (classe 1) : 22 064 dollars/tonne - 1,34 % vendredi. + 0,64 % sur la semaine.