Le Médipôle a un an: les «fantômes» de l'hôpital

L'entrée du Médipôle, où le jeune homme mis en cause a été hospitalisé.
Suite de notre immersion au Médipôle, un an après son ouverture. A la pointe de la technologie, le nouvel établissement hospitalier de Nouvelle-Calédonie est parfois perçu d’une étrange façon. Au point qu’il a pu être surnommé le «Maudit-pôle»…
«On dit qu’il y a des choses qui se passent, d’autant plus la nuit… Oui, ça revient très souvent», confirme une professionnelle de santé. De drôles d’histoires se chuchotent à propos du Médipôle. On y entendrait des cris, des pas dans le couloir, un enfant qui pleure… On y verrait apparaître des formes humaines. Les témoignages de phénomènes surnaturels sont nombreux, autour du nouveau centre hospitalier, qu’ils viennent des patients ou du personnel médical. 

Eau salée

Au Médipôle, le sujet est même très souvent le centre des conversations. «C’est peut-être culturel mais en tout cas, les filles du service ont nettoyé tout le service à l’eau salée, relate une autre soignante. Pour nous protéger.»

«Vous saviez qu’il y a le cimetière, ici?»

«Un matin de la semaine dernière, j’étais en train de nettoyer une chambre et une malade m’a raconté qu’elle a entendu du bruit, le soir», renchérit une femme de ménage. «Elle a parlé de fantôme. C’est la première fois que j’entends ça, mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de rumeurs.» Et de répondre à la patiente: «Vous saviez qu’il y a le cimetière, ici?»

Pas pris à la légère

C’est ancré dans la culture calédonienne que de croire aux esprits. Ils sont même très respectés chez les Mélanésiens, et apprendre qu’un ancien cimetière kanak se trouverait au sein du centre hospitalier décourage certains de s’y rendre. Un sujet qui n’est pas pris à la légère. Au service maternité, on décompte 200 accouchement de moins en un an. Le personnel a même créé un groupe de travail pour comprendre les réticences des Calédoniennes à aller accoucher au Médipôle.

«Des personnes m’en ont parlé»

Du côté de la direction, on préfère ne pas s’étendre sur la question. «Des personnes m’en ont parlé, en disant que des patients seraient inquiets par rapport à ça, réagit Dominique Cheveau, directeur du CHT. Après, on entre dans quelque chose d’irrationnel, est-ce que c’est à un chef d’établissement, à une administration, de gérer l’irrationnel? On y est sensible et je pense que la meilleure réponse qu’on pourra y apporter, c’est la qualité de nos soins et la compétence de nos professionnels de santé.»

«On ne vient pas là pour les fantômes»

«Ça, c’est pour les gens qui sont superstitieux, écarte encore une mère de famille rencontrée au Médipôle. Nous, on ne vient pas là pour les fantômes, on vient là pour être guéris. On a à notre disposition de grands docteurs. Ce ne sont pas les fantômes qui vont guérir les gens, ce sont les docteurs.»