Vous avez sûrement vu fleurir des nœuds roses un peu partout, dans les médias ce mois-ci. Normal : c’est le retour d’octobre rose. Un mois dédié à sensibiliser les femmes au cancer du sein, pour lequel 140 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, en Calédonie, selon les chiffres de la Dass.
Des antécédents personnels ou familiaux
Dans 10 % des cas, ce cancer est dû à une mutation génétique. Un taux insuffisant pour justifier un dépistage massif. A la place, les médecins ont défini des critères à repérer, avant de réaliser des tests individuels ciblés. "Les patientes vont être proposées pour un test de mutation, en fonction de leurs antécédents personnels de cancer, mais aussi en fonction de leurs antécédents familiaux, explique Eric Camus, le chef du service de gynéco-obstétrique du Médipôle. Donc, on va essayer de cibler les patientes qui ont déjà des soeurs, des mères ou des tantes, qui ont eu un cancer du sein. Il y a aussi le type de cancer qui peut amener à faire une recherche de mutation."
Dépister le plus tôt possible
Ce test se fait via une prise de sang et un prélèvement de salive, effectués au Médipôle. Le tout est ensuite envoyé à Paris, à l’Institut Curie, qui est un centre de recherche et de traitement en cancérologie. Là-bas, l’ADN de la patiente est passé au crible pour détecter une éventuelle mutation. Cela peut demander du temps, jusqu’à 6 mois dans certains cas.
Si le résultat est positif, la patiente sera placée sous surveillance rapprochée avec IRM, mammographie et échographie tous les ans. "Ça permet de dépister le cancer le plus précocement possible, et donc probablement de pouvoir le guérir, précise le docteur Camus. Mais ça ne vous évitera pas le cancer. C’est pour ça que certaines patientes préfèrent opter pour l’ablation de leurs glandes mammaires, qu’on appelle une mastectomie prophylactique", indique le chef de service. Autrement, dit une ablation préventive du sein.
Prévenir d'autres cancers
Le BRCA1 ou encore le BRCA2 font partie des principaux gènes vecteurs de cancers du sein. S’il en existe d’autres, le principe reste le même. Si ces gênes sont défectueux, ils empêchent le corps de nettoyer les cellules détériorées et favorisent le développement de cancers.
L’an dernier, les équipes du Médipôle ont réalisé environ 150 tests de ce style, juste pour le cancer du sein. Car la détection génétique permet aussi de prévenir d’autres cancers, comme celui de l’ovaire chez la femme ou de la prostate chez l’homme.
Pas de budget dédié à l'oncogénétique
"Ces tests sont pris en charge par le CHT. On reçoit des patientes de tout le territoire, qu’elles viennent du Nord ou des Iles", précise Eric Camus. Cependant, aucun budget ne semble réellement dédié à l’oncogénétique, cette spécialité qui étudie les prédispositions génétiques au cancer. "C’est regrettable", déplore le médecin hospitalier. Nous n’avons pas d’oncogénéticien ou de conseiller en génétique pour nous aider dans cette démarche".
Cette carence pose problème, estime le chef du service de gynéco-obstétrique du Médipôle. "C’est quand même assez lourd, (c’est) très chronophage, ça prend beaucoup de temps de faire ces recherches. Il faut aider les patientes à faire leur arbre généalogique. Il faut préparer tous les consentements. Ces tests sont analysés à Curie, donc il y a après tout le parcours de ces tests jusqu’à Paris. Et après, il y a l’annonce des résultats. Et il faudrait normalement une prise en charge psychologique." Selon Eric Camus, cet accompagnement des patientes n'est pas encore assez "structuré". "On fait cela beaucoup par défaut. Un projet en génétique a été proposé. Mais vraiment, ça demanderait un budget dédié".
L’un des médecins pratiquant ces tests compte arrêter dans les prochains mois. Il n’y aura donc plus qu’un seul gynécologue, qui se chargera de l’onco-génétique sur le territoire.