Ministre des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie : François-Noël Buffet rencontre les soignants du Médipôle

Le directeur du CHT, Leslie Levant, le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet et le président de la commission médicale d'établissement, Dr Thierry de Greslan.
La visite ministérielle est arrivée à son terme. Pour son quatrième et dernier jour en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, s’est rendu ce samedi 19 octobre au Médipôle, à Dumbéa. L'occasion d'entendre les difficultés sanitaires auprès de la direction et du personnel du CHT. Et notamment la perte croissante de soignants qui frappe le pays.

"La population de soignants a baissé d'environ 15% et cette baisse va continuer à s'aggraver avant la fin de l'année." Le Dr Thierry de Greslan, président de la commission médicale de l'établissement, a donné l'alerte au centre hospitalier territorial (CHT) Gaston-Bourret à Dumbéa lors de la visite du ministre des Outre-mer.

François-Noël Buffet a rencontré les soignants du Médipôle en début de matinée, ce samedi 19 octobre. Les problématiques qui affectent le système de santé calédonien ont pu être abordées, telles que le manque de personnel. En présence, notamment, du directeur de l'hôpital, Leslie Levant, du président du gouvernement, Louis Mapou, et du membre du gouvernement en charge de la santé, Yannick Slamet. 

La direction du CHT, la présidente du Congrès, Veylma Falaeo, et le président du gouvernement, Louis Mapou, au Médipôle à Dumbéa.

"L'hôpital avait toujours été préservé"

À la suite des émeutes du 13 mai et durant plusieurs semaines, les accès au Médipôle étaient bloqués. Certains soignants ne pouvaient plus rejoindre leur lieu de travail, les ambulances étaient empêchées de circuler, de même pour les patients.

"L'hôpital avait toujours été préservé. C'est la première fois qu'il n'était pas du tout accessible avec les barrages. Ni le personnel soignant, ni les patients ne pouvaient y accéder, explique Céline Mériadec, sage-femme de cadre supérieur et vice-présidente de la commission médicale du CHT. 

On s'est retrouvés vraiment emprisonnés dans notre hôpital à continuer à prendre soin de tous les patients qui étaient déjà là. Quelques-uns arrivaient à passer les barrages mais pas tous.

Céline Mériadec

La continuité des soins dans le Grand Nouméa et sur l'ensemble du pays a été compromise. Si l'hôpital dénombre des morts du fait des exactions, le Dr Thierry de Greslan rappelle que les victimes collatérales, "ce sont aussi toutes les autres maladies qui sont prises en charge tardivement. Encore aujourd'hui, quand quelqu'un arrive avec un cancer au stade de métastases, c'est tard pour prendre en charge sa maladie. On ne peut plus l'opérer. C'est une victime collatérale de cette crise. On avait déjà ce phénomène qui existait avant, parce que les Calédoniens tardent à se soigner, mais ça s'est aggravé."

En revanche, les mesures de police administrative ont eu un effet "positif" sur le nombre d'accidents de la route, explique le docteur. "La diminution de la consommation d'alcool et le couvre-feu ont causé moins d'accidents de la route et moins de morts."

Un personnel à bout de souffle

"Le personnel soignant ne pouvait pas venir prendre les gardes et certains se sont retrouvés à faire plus de 24 heures. C'est-à-dire 48 heures, 72 heures même 96 heures d'affilée, sans avoir du tout de relève, témoigne Céline Mériadec. Tout le monde a été vraiment très engagé, avec l'envie de faire son métier."

Le ministre des Outre-mer a également été interpellé sur la perennité des partenariats. De savoir "comment nous aider sur l'attractivité, questionne le Dr de Greslan. Comment créer des conventions de partenariat solides à l'avenir et pas seulement une réserve sanitaire de quelques semaines."

Des services de soin en souffrance 

À ces complications s'ajoute une baisse d'activité d'environ 20 % au CHT. "Parce que les gens consultent moins. Ce serait bien que la population puisse reprendre le chemin de la consultation avec les médecins généralistes et l'hôpital. Je pense qu'il y a des retards de prise en charge importants", observe le Dr Thierry de Greslan. "Des services de l'hôpital ont été particulièrement touchés. Cela, je crois que le ministre l'a entendu." 

Voyez le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Claude Lindor :

©nouvellecaledonie

Dans l'ensemble, le Médipôle accuse une perte de "médecins entre 10 et 30 % selon les secteurs". Ces derniers mois, les effectifs sont en chute libre.

  • Pneumologie : quatre médecins perdus sur six
  • Oncolologie : la totalité des trois médecins perdus
  • Gastro-entérologie : de nombreux départs
  • Gynéco-obstétrique : seulement cinq médecins d'ici la fin de l'année
  • Urgences : jusqu'à dix médecins manquants sur trente
  • Paramédical : plus que cinq kinés sur quinze et de nombreux départs d'infirmières-puéricultrices

La province Nord n'est pas épargnée

La situation est encore plus préoccupante dans le nord. "On a une baisse d'effectif d'environ 33 % pour le CHN (Centre hospitalier du nord)" qui ferme des lits, à l'instar du CHT. Et l'hémorragie touche également les dispensaires. À ce jour, "il ne reste plus que cinq médecins dans le nord", déplore Dr Thierry de Greslan.