Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : le processus institutionnel en Nouvelle-Calédonie "n’est pas forcément un modèle, c’est une référence"

Moetai Brotherson, invité du JT de NC la1ère le 14 mai 2023 ©nouvellecaledonie
Moetai Brotherson, le président de la Polynésie française fraîchement élu, était l’invité du JT de NC la1ère ce dimanche 14 mai. Il est revenu sur sa vision de la Polynésie mais aussi sur la Nouvelle-Calédonie et la zone Pacifique.

Il a été élu sans surprise ce 12 mai à la présidence de la Polynésie française. Après la victoire du Tavini aux élections territoriales, c’est donc un indépendantiste qui dirige désormais le Fenua. Moetai Brotherson, invité du journal télévisé de Nouvelle-Calédonie la 1ère le dimanche 14 mai depuis Papeete avec Thérèse Waïa, reconnaît que cette victoire est due à plusieurs facteurs : " Il y a d’abord une adhésion au programme du Tavini et à la proposition qui a été faite de renouveler la classe politique, et ensuite, il y a effectivement un vote sanction contre le gouvernement sortant et contre cette alliance contre-nature [entre Gaston Flosse et Edouard Fritch] qui s’est opérée de manière opportuniste entre les deux tours".

Moetai Brotherson se définit comme un indépendantiste "pacifique et déterminé. Je n’ai pas du tout d’hésitation sur l’objectif, cette étape que doit être l’indépendance, et ce qui doit ensuite être construit une fois l’indépendance acquise".

Le processus institutionnel en Nouvelle-Calédonie

Roch Wamytan s’est rendu à Papeete au nom de l’Union calédonienne pour assister à l’élection du président de la Polynésie. 
Et s’il reconnaît sa proximité avec les indépendantistes calédoniens, Moetai Brotherson reste prudent sur le dossier calédonien :" Les enjeux sont importants" reconnaît-il.  "Chacun semble camper sur ses positions, et il faut je pense respecter les lignes politiques des uns et des autres".
Concernant le processus institutionnel instauré en Nouvelle-Calédonie, Moetai Brotherson estime qu’il "n’est pas forcément un modèle. C’est une référence. Mais le processus qui va se mettre en place en Polynésie sera forcément différent de celui que vous avez connu" puisqu’adapté aux réalités socio-économiques et historiques de la Polynésie. 

Un référendum, mais pas tout de suite

Concernant l’autodétermination de la Polynésie, le nouveau président du pays reconnaît qu’il faudra encore attendre. 
" Il faut définir d’abord la question, il faut définir le corps électoral spécial qui doit être autorisé à prendre part à ce référendum, et enfin, il faut poser les étapes qui vont mener à ce référendum puisque si on posait la question demain aux Polynésiens, je pense que la majorité des Polynésiens, il ne faut pas se voiler la face, répondraient Non à ce référendum. Il y a une phase d’information, que chaque parti puisse informer le peuple polynésien des enjeux et de la manière d’y répondre". 

Quelles relations avec la Chine ?

Interrogé sur sa position par rapport à la Chine qui veut étendre sa zone d’influence dans le Pacifique, Moetai Brotherson concède être prudent mais revendique une liberté de choix : " La Chine, c’est une superpuissance qui dans le jeu politique, joue sa partition en fonction de ses intérêts propres. Nous ne voulons pas nous interdire de discuter avec qui que ce soit, en revanche, nous sommes prudents et notre position instinctive est celle de ne pas être alignés sur les positions des uns ou des autres. Nous voulons pouvoir discuter de manière équilibrée avec tout le monde".

Le futur gouvernement polynésien

Le nouveau président doit présenter son équipe lundi en Polynésie (mardi en Nouvelle-Calédonie). Un gouvernement de dix membres en tout avec un objectif de parité affiché. "Quant à l’ouverture [à d’autres formations politiques que le Tavini], elle a été annoncée dès le départ et elle sera bien là au rendez-vous" promet Moetai Brotherson. 

Des visites régionales

Le président de la Polynésie française entend bien être présent au sommet qui se tiendra fin mai à Séoul entre la Corée du Sud et le Forum des îles du Pacifique, le premier du genre. 
"Ça me paraît important d’être présent, de rencontrer mes homologues du Forum, nos voisins, nos cousins du Pacifique et de prendre la température de ce qui est en train de bouger dans notre région".
Moetai Brotherson a également un message pour la communauté polynésienne qui vit en Nouvelle-Calédonie :"J’ai très envie de venir les rencontrer. Je l’ai déjà fait en tant que député ces dernières années, mais là, je viendrai les voir à nouveau en tant que président du fenua maohi".