Ce n'était plus arrivé depuis le 8 juillet 2002. Ce jour-là, la sélection calédonienne subissait le plus important revers de son histoire, en Coupe des Nations d'Océanie. L'Australie venait de la terrasser 11-0 avec un quadruplé de Bobby Despotovski.
Près de vingt ans plus tard, la Nouvelle-Zélande est venue réveiller ce mauvais souvenir en dominant les Cagous 7-1 dans le dernier match de poule des éliminatoires OFC pour le mondial 2022. Battus par les Fidjiens 2-1, les Papous 1-0, puis les All Whites, les hommes de Dominique Wacalie et Pierre Wajoka ont quitté la compétition avec zéro point au compteur, dix buts encaissés, et seulement deux marqués.
C'est l'épilogue logique d'une préparation loin d'être optimale. L'arrêt prématuré de la super ligue l'an passé en raison du Covid a privé les joueurs de matchs et de rythme. L'absence de rencontres amicales avant le stage à Nantes n'a pas aidé. Tout comme le niveau des confrontations organisées dans l'Hexagone et au Qatar (une réserve de Nationale 3, une formation de niveau régional, et une équipe de 2e division qatarie).
La Nouvelle-Zélande, au-dessus du lot
Pour ce qui est du dernier match du groupe B, le fossé qui existe désormais avec les voisins kiwis a frappé. Oubliée, leur courte victoire 1-0 en demi-finale de la Coupe des Nations 2016, le nul 0-0 concédé cette année-là, le 15 novembre, à Koné, ou la dernière finale des Jeux du Pacifique remportée 2-1 par leurs moins de 23 ans. Les Néo-Zélandais se sont cette fois déplacés avec un effectif senior d'une grande profondeur.
Dans l'équipe alignée au coup d'envoi, se trouvaient l'ailier droit de Giresunspor (D1 turque) Joe Champness, le buteur de St Mirren (D1 Ecossaise) Alex Greive, un élément des moins de 19 ans du Torino FC (Série A italienne), Matthew Garbett, ou encore le défenseur Nikko Boxall (San Diego Loyals, 2e division américaine). Suffisamment solide pour mener 3-1 à la pause, après avoir corrigé Fidji 4-0.
Un effectif impressionnant
Pourtant, ce n'est qu'en milieu de seconde période que le sélectionneur Danny Hay a fait rentrer les titulaires habituels, quart-de-finalistes des Jeux Olympiques de Tokyo. Quand Chris Wood, l'attaquant de Newcastle (Premier League anglaise) est apparu sur la pelouse, il s'est offert un doublé en cinq minutes pour porter son total à 32 réalisations en équipe nationale, un record. Bill Tuiloma, le défenseur des Portland Timbers en Major League Soccer américaine, a lui aussi marqué. Cet adversaire n'a jamais semblé aussi fort qu'il ne l'est aujourd'hui, à l'image de son latéral gauche Liberato Cacace, qui était encore titulaire avec Empoli en Série A il y a quelques semaines, contre la Juventus et le Milan AC.
Un onze cagou jamais vraiment trouvé
Côté Cagous, il a été bien difficile de construire des repères pour ce groupe amateur. Cela s'est vu : six changements dans le onze de départ entre le premier et le deuxième duel, et autant pour l'ultime face à face. Troisième meilleur buteur (13) de la sélection calédonienne depuis 2003, Georges Gope-Fenepej n'est arrivé de Concarneau (National 3) qu'après le premier match perdu contre Fidji 2-1.
Jean-Philippe Saïko, auteur de neuf buts aux Jeux du Pacifique à Samoa, était, lui, blessé pour les deux premières rencontres. Quant au milieu offensif César Zéoula, il est arrivé au Qatar amoindri par une douleur au tendon, et n'a joué que le deuxième match contre la Papouasie Nouvelle-Guinée où il était parvenu à se mettre en évidence.
Compliqué, dans ces conditions, de bâtir l'animation offensive. Difficultés supplémentaires pour le staff : le départ décalé pour le Qatar du milieu défensif Joël Wakanumuné touché par le Covid, et la mise au repos pour le dernier match du stoppeur et capitaine, Emile Béaruné.
Une adaptation peu évidente
Il a donc fallu s'adapter. Aligné en pointe face aux "Bula Boys" puis contre la Papouasie Nouvelle-Guinée, Morgan Mathelon a donné le maximum dans un contexte peu facile. Esseulé en attaque, celui qui a l'habitude d'évoluer plus bas sur le terrain a su être généreux dans ses déplacements et ses déviations. Si il a pêché dans la finition, l'attaque n'a pas si mal fonctionné avec des joueurs comme Jordan Wetria ou Georges Gope-Fenepej autour de lui : 13 tirs dont 7 cadrés lors du premier match, et 12 tirs dont 6 cadrés lors du second. Qu'a-t'il alors vraiment manqué ? Sans doute plus de précision dans les passes dans les 25 derniers mètres et, surtout, plus de vigilance défensive.
La défense : un équilibre à trouver
Avec un but encaissé dans le premier quart d'heure contre chacun de ses rivaux du groupe B, la sélection calédonienne a donné le bâton pour se faire battre. De mauvais contrôles et relances devant la surface de réparation ont coûté trop cher. Mis à part Emile Béaruné, aucun autre défenseur n'a donné de solides garanties.
Face aux All Whites, le latéral gauche Jean-Brice Wadriako a perdu un ballon et n'a pas surveillé Greive dans son dos sur le premier but. Vincent Vakié a concédé un penalty et glissé sur le troisième. Et trois joueurs de l'arrière-garde n'ont pu contenir le seul Tuiloma sur le but du 5-1. Il faudra solidifier le secteur.
Le tournoi aura quand même permis d'installer une nouvelle génération avec le capitaine de l'AS Kunié, mais aussi Pierre Kauma, Pierre Bako et Titouan Richard. Joris Kenon a montré de belles choses pour les deux derniers matchs de poule avec notamment une passe décisive pour Saïko. Jean-Luc et Cédric Décoiré ont eux aussi obtenu du temps de jeu.