Mondial féminin de football : France - Maroc, duel fratricide en 8e de finale

Reynald Pedros, ancien international français et joueur du FC Nantes, est le sélectionneur du Maroc.
Les connexions entre les deux sélections qui s'affrontent ce soir en 8e de finale du Mondial féminin sont multiples. Dans un stade atypique à Adelaïde, ce match entre des Bleues favorites et des Marocaines surprenantes et déterminées, s'annonce bouillant. Un choc à suivre à la télévision, sur NC 1ère, à partir de 22 heures.

Il ne paye pas de mine. Coincé entre deux intersections de route, le Hindmarsh Stadium, aux tribunes grandes ouvertes sur le ciel, paraît bien moins impressionnant que l'Adelaïde Oval. Il y a quatre fois moins de places assises dans cette petite enceinte au style ancien que dans le monstre architectural qui accueille les rencontres de football australien. Le Hindmarsh, ce sont 13 500 places assises et une ambiance radicalement différente de ce qu'ont connu les Bleues à Sydney face à la Jamaïque et le Panama, ou à Brisbane face au Brésil.

"On m'avait dit qu'il n'était pas très attractif, mais la qualité de la pelouse est très bonne. C'est ce qui est le plus important", retient la milieu des Bleues Kenza Dali. A la différence de la France, le Maroc aura l'avantage d'y avoir des repères : il avait battu la Corée du Sud en poule, ici même.


Sentiments entremêlés

Un décor plus intime, pour deux sélections finalement très proches. Ce France-Maroc, c'est le match des liens partagés et des sentiments entremêlés. "Je suis français, mon staff technique est français, mais mon cœur est marocain, disait l'entraîneur des Lionnes de l'Atlas, Reynald Pedros hier. L'ancien double meilleur passeur du championnat de France de première division, titré en 1995 avec le FC Nantes, a connu ses meilleures années dans son pays de naissance. Il a porté le maillot bleu à 25 reprises, a disputé l'Euro.

Ce mardi soir, l'ex-milieu gaucher sera sur le banc opposé, sans état d'âme. "Cela fait trois ans qu'on travaille pour accrocher des objectifs incroyables, impensables. J'aime vraiment ce pays. Aujourd'hui, je n'aurai aucun remord et scrupule à battre la France, je ferai tout pour qu'on se qualifie pour les quarts de finale."

Le Maroc se sent prêt

Son Maroc, finaliste de la dernière Coupe d'Afrique des Nations après avoir sorti le Nigéria dans le dernier carré, n'a pas montré le même visage sur les trois matchs de poule du Mondial. Corrigé par l'Allemagne 6-0 pour sa première apparition à ce niveau, il a semblé dépassé, notamment sur les coups de pied arrêtés. "L'émotionnel a pris le dessus. Mes joueuses ont fait le match avant d'être sur la pelouse. J'aurais dû mieux maîtriser cet aspect".

La suite s'est révélée bien meilleure : deux succès consécutifs 1-0 face à la Corée du Sud et la Colombie, avec des signaux positifs pour la phase finale et ce match face à la France. "On a couru 10 kilomètres de plus que les Colombiennes. Notre effectif est au complet. Cela veut dire qu'on est prêt".

Des Bleues respectueuses et sereines

Les Bleues le sont aussi : huit buts lors des deux derniers matchs et aucun revers dans le groupe F. Grace Geyoro, incontournable au milieu de terrain, est opérationnelle et les cadres Le Sommer et Renard ont pu se reposer face au Panama. "On a beaucoup d'expérience dans notre équipe avec des joueuses aux palmarès énormes, beaucoup de caractère, et une grande connaissance de nos adversaires. Il y a une sérénité qui se dégage, tout en sachant que nous avons des étapes à franchir", affirme Hervé Renard, le sélectionneur de l'équipe de France.

Un technicien qui ne manque pas d'attache avec le pays adverse, dont il a été l'entraîneur national des garçons de 2016 à 2019, et pour qui il voue un grand respect. "Depuis dix ans, le travail effectué a été exceptionnel. C'est une nation qui a placé les hommes en demi-finale du dernier Mondial et les femmes en 8e de finale de cette compétition. Seuls les Pays-bas et la France l'ont fait. Le Maroc fait partie des meilleures nations à l'échelle mondiale avec des infrastructures magnifiques, une approche d'un grand professionnalisme et des joueurs et joueuses très techniques".

La confrontation ne manquera pas de piment, en espérant côté tricolore que la stoppeuse Maëlle Lakrar soit à 100 %. Celle qui avait commencé l'aventure australienne à droite, avant d'être replacée dans l'axe, a été touchée à la cuisse. Pour la latérale gauche Sakina Karchaoui, dont les parents sont Marocains, ce match promet de rester gravé.

Un match à suivre à la télévision, sur NC 1ère, ce mardi 8 août, à partir de 22 heures (heure de Nouvelle-Calédonie).