Le 12 janvier 1985, Eloi Machoro était abattu ainsi que Marcel Nonnaro à La Foa, lors d’une opération du GIGN. Une cérémonie était organisée ce vendredi, à Canala, pour célébrer la mémoire du leader indépendantiste. Quelques dizaines de personnes étaient présentes.
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Devant la tombe d’Eloi Machoro à la tribu de Nakety, Damien Yeiwené de l’Union calédonienne salue le combat mené par l’ancien leader indépendantiste. Leader tué à La Foa le 12 janvier 1985, lors d'une opération du GIGN, au lendemain du meurtre du jeune éleveur Yves Tual.
Regardez également le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor.
«Ces souffrances que nos vieux ont vécues»
L’urne qu’il a brisée à coup de tamioc à Canala est restée dans les mémoires. Il s’agissait de dénoncer le statut Lemoine, qui prévoyait un référendum d’autodétermination sur l’indépendance avec un corps électoral élargi. Mais son combat a également été mené à l’assemblée territoriale et à l’assemblée nationale, pour la reconnaissance du peuple kanak, au sein du Front indépendantiste puis au FLNKS. «Eloi Machoro a un petit peu représenté toutes ces souffrances que nos vieux ont vécues, estime Damien Yeiwené, secrétaire général de l'UC. Par la spoliation des terres, nous avons été mis de côté au niveau de l'économie, au niveau du système... Le coup de hache qu'il avait fait pour briser l'urne, ça représente un peu tout ça.»«La dernière ligne droite»
Aloisio Sako pour le Rassemblement démocratique océanien, des membres de la Dynamik unitaire sud et du Palika, ainsi que des représentants du Sénat coutumier prennent tour à tour la parole. «2018, c’est la dernière ligne droite, nous devons être unis», disent-ils.«Pas foule»
Mais la faible délégation présente à Nakety en ce jour de commémoration, interpelle un neveu d’Eloi Machoro. «Il n'y a quand même pas foule aujourd'hui, alors qu'on dit que c'est la dernière ligne droite, lance-t-il.Vous allez prendre ce manou, vous allez partir avec et amener la parole avec vous jusqu'au fond des vallées, pour dire que, voilà, on a commencé un travail il y a trente-trois ans et la fin, elle est là.»«Un grand jour»
La cérémonie se poursuit par des chants religieux. Des jeunes de la tribu sont restés à proximité de la tombe. William mesure l’importance du moment. «C'est un leader de notre pays, insiste-t-il. Respect pour les vieux, respect pour les combattants. Tous les frères qui sont tombés aussi, à Iaai, à Hienghène, Tjibaou... C'est un grand jour pour nous, les Kanak.»La fin d'un processus
Pour Damien Yeiwené, le combat d’Eloi Machoro n’aura pas été vain. La fin d’un processus se dessine. Dans la paix et la sérénité, a-t-il souligné.Regardez également le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor.