Multirécidiviste, un délinquant de la route finit au Camp-Est

Tribunal correctionnel de Nouméa
Le tribunal correctionnel de Nouméa a condamné, mardi, un délinquant de la route multirécidiviste à dix-huit mois de prison, dont huit avec sursis. Quatre jours plus tôt, il avait perdu le contrôle de son véhicule à Bourail, alors qu’il transportait ses trois enfants avec 2,6 grammes d’alcool dans le sang.

Il ne pouvait pas dire qu’il n’était pas averti. Le nombre de condamnations déjà prononcées lui ont coûté sa liberté.

Mardi 18 avril, un père de famille de 44 ans, aujourd’hui sans emploi, a été condamné par le tribunal correctionnel de Nouméa et écroué au Camp-Est, quatre jours après avoir commis un grave accident qui aurait pu lui coûter la vie, ainsi que celle de ses enfants ou de n’importe quel autre usager de la route.


Retrait de permis

Traduit en comparution immédiate, cet ancien salarié de Goro se voyait reprocher une énième conduite sous l'empire d'un état alcoolique, en début de soirée du 14 avril, alors même qu’il avait l’interdiction de rouler, puisque la justice lui avait confisqué son permis de conduire il y a quelques mois.

Quand les gendarmes de Bourail sont intervenus, son véhicule était dans un fossé, cinq mètres en contrebas, après avoir brutalement quitté la chaussée. A l’intérieur : le chauffard et ses trois enfants de 6, 8 et 9 ans. Un miracle qu’aucun d’entre eux n’ait été blessé dans la chute.


Un argumentaire qui ne convainc pas 

En garde à vue, le quadragénaire a affirmé avoir perdu le contrôle après avoir évité à la dernière seconde de percuter « une voiture qui circulait en face avec les pleins phares et dont les pneus mordaient sur sa voie », relève la présidente Lise Prenel, dubitative.

L’accident serait davantage la conséquence de tout l’alcool qu’il a ingurgité depuis le matin. « Vous ne pensez pas plutôt que vous avez perdu tout seul le contrôle », questionne la magistrate, qui relit à deux fois son dossier.

Vous aviez un taux de 2,6 grammes d’alcool par litre de sang. C’est énorme !

Lise Prenel, présidente du tribunal


"On commence à en avoir marre"

Le prévenu se défend comme il peut, racontant qu’il a pris le volant « pour donner la main à (son) tonton pour des travaux sur la propriété ». La présidente n’en revient pas : « vous pensez vraiment que le tribunal peut entendre cette explication ? Si vous êtes dans le box, entouré de policiers, c’est parce que ce n’est pas la première fois que vous êtes poursuivis pour de tels faits. Vous avez dépassé les bornes… ».

Et pour cause, le quadragénaire est un incorrigible : depuis 2019, il a été averti et sanctionné à cinq reprises, multipliant à chaque fois les comportements à risque. Les magistrats ne cachent pas leur agacement, « on répète la même chose depuis des années, on commence à en avoir marre », rouspète la procureure de la République, Fanny Philibert.


Provoquer une prise de conscience 

Le prévenu a bien du mal à expliquer ce nouvel écart : « j’ai traversé des problèmes familiaux, je suis tombé dans l’alcool ». Son avocat, Me Stéphane Bonomo, tente de rassurer la juridiction. « Ce n’est pas un alcoolique régulier mais quelqu’un de stable, qu’il faut aider, en le contraignant à suivre des soins ».

La procureure se demande « quand aura lieu la prise de conscience, peut-être devant le corps de ses enfants décédés dans un accident, qu’il aura commis parce que bourré comme jamais ? ». Incarcéré depuis dimanche en attendant son procès, le père de famille jure que « les deux jours au Camp-Est (lui) ont permis de comprendre la gravité de (ses) actes. J’ai appris (pour) l’accident à Pouébo, ça m’a fait réfléchir en cellule ».

Sa culpabilité ne faisant pas l’ombre d’un doute, le délinquant de la route écope de dix-huit mois de prison, dont huit mois avec sursis probatoire. Il a été maintenu en détention, le tribunal espérant que cette période d’incarcération lui fasse l’effet d’un électrochoc.