Les mystères des volcans sous-marins étudiés à la loupe

La campagne impliquera également des élèves de primaire, collège et lycée, qui suivront des robots profileurs biogéochimiques et participeront aux opérations de collecte de données.
Le navire océanographique l’Atalante met le cap sur l’Arc des Tonga pour cinq semaines. Vingt-neuf scientifiques et vingt-huit marins vont cohabiter sur les flots du Pacifique Sud, avec un objectif: étudier le rôle des volcans sous-marins peu profonds sur la vie marine dans la zone. 
Dix laboratoires à bord, des outils de technologie de pointe… tous les éléments sont réunis pour que les scientifiques et océanographes mènent à bien cette expédition. Chapeautée par deux chercheuses du Laboratoire d’Océanographie de l’Institut de la Mer de Villefranche-sur-Mer et de l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. Elle réunit des spécialistes de six universités internationales, des États-Unis, de l’Australie en passant par les Émirats Arabes Unis ou Israël. 

Depuis 2015, les chercheurs observent un « oasis dans le désert océanique », entre l’Arc Volcanique des Tonga et l’Australie. Une zone particulièrement fertilisée, dans laquelle des micro-algues sont présentes en nombre. Elles seraient alimentées par les volcans sous-marins peu profonds, entre 200 et 500 m de profondeur, présents dans la région. L’activité de deux d’entre eux fera l’objet d’investigations poussées, dans le cadre de la « campagne Tonga ». 
 

Fertilisation


« On les étudie parce que plus d’un tiers des émissions de CO2 d’origine humaine, liées aux activités anthropiques est séquestrée par l’océan. Il est piégé notamment par un processus qui s’appelle la pompe biologique à carbone, qui est essentiellement les micro algues. Si ce processus n’existait pas, il ferait beaucoup plus chaud aujourd’hui sur la planète. Ici, dans le sud ouest Pacifique, on a un mécanisme de piège de CO2 plus important que ce que l’on pensait auparavant. Précisément grâce à ces fertilisations par les volcans, c’est ce que l’on souhaite vérifier », assure Sophie Bonnet, Océanographe à l’IRD Nouméa et chef de projet. 
Entre l’Arc des Tonga et la Nouvelle-Zélande, 2,6 volcans sous-marins sont répertoriés tous les 100km. Leurs fluides sont-ils à l’origine de la fertilisation de l’Océan Pacifique sud en fer? C’est ce que va tenter d’élucider la mission. 

« Beaucoup de calédoniens ont vu des traînées marrons observables depuis le ciel, ce sont des micro algues fertilisées par ces éléments nutritifs, notamment le fer. Il doit provenir de quelque part puisqu’il y a plus de fer ici qu’ailleurs. Cela peut venir également des îles, du lessivage et des volcans aériens, mais nos calculs et études précédents ont montré que cela ne suffisait pas pour nourrir toute cette vie. Il doit y avoir une autre ressource qui vient d’ailleurs. Notre hypothèse basée sur nos résultats préliminaires est que cette source vient des volcans sous-marins », révèle la spécialiste.

Un rôle majeur qui devrait être élucidé grâce aux divers spécialistes appuyés d’outils de technologie de pointe. Satellites, capteurs automatisés, robots in situ et modélisation, permettront de révéler tout un pan de l’activité biologique du Pacifique Sud dans les semaines à venir. 

Pour suivre l’avancée de la mission, rendez-vous sur www.tonga-projet.org ou sur Twitter @tongaproject.

Le reportage à la veille du départ d’Erik Dufour et Christian Favennec
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L'invitée du JT

À retrouver également, l'invitée du JT de ce jeudi. Sophie Bonnet, océanographe à l'IRD Nouméa et chef de projet.
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