Le navire océanographique l’Atalante met le cap sur l’Arc des Tonga pour cinq semaines. Vingt-neuf scientifiques et vingt-huit marins vont cohabiter sur les flots du Pacifique Sud, avec un objectif: étudier le rôle des volcans sous-marins peu profonds sur la vie marine dans la zone.
Erik Dufour et Christian Favennec avec Alix Madec •
Dix laboratoires à bord, des outils de technologie de pointe… tous les éléments sont réunis pour que les scientifiques et océanographes mènent à bien cette expédition. Chapeautée par deux chercheuses du Laboratoire d’Océanographie de l’Institut de la Mer de Villefranche-sur-Mer et de l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. Elle réunit des spécialistes de six universités internationales, des États-Unis, de l’Australie en passant par les Émirats Arabes Unis ou Israël.
Depuis 2015, les chercheurs observent un « oasis dans le désert océanique », entre l’Arc Volcanique des Tonga et l’Australie. Une zone particulièrement fertilisée, dans laquelle des micro-algues sont présentes en nombre. Elles seraient alimentées par les volcans sous-marins peu profonds, entre 200 et 500 m de profondeur, présents dans la région. L’activité de deux d’entre eux fera l’objet d’investigations poussées, dans le cadre de la « campagne Tonga ».
« Beaucoup de calédoniens ont vu des traînées marrons observables depuis le ciel, ce sont des micro algues fertilisées par ces éléments nutritifs, notamment le fer. Il doit provenir de quelque part puisqu’il y a plus de fer ici qu’ailleurs. Cela peut venir également des îles, du lessivage et des volcans aériens, mais nos calculs et études précédents ont montré que cela ne suffisait pas pour nourrir toute cette vie. Il doit y avoir une autre ressource qui vient d’ailleurs. Notre hypothèse basée sur nos résultats préliminaires est que cette source vient des volcans sous-marins », révèle la spécialiste.
Un rôle majeur qui devrait être élucidé grâce aux divers spécialistes appuyés d’outils de technologie de pointe. Satellites, capteurs automatisés, robots in situ et modélisation, permettront de révéler tout un pan de l’activité biologique du Pacifique Sud dans les semaines à venir.