Le nickel calédonien et les métaux industriels soumis aux incertitudes géopolitiques

Cathodes de nickel pour les aciers spéciaux ou l'acier inoxydable
Le cours du nickel au LME évoluait, mardi 11 avril, juste au-dessus du seuil des 10.000 dollars. A l’optimisme des producteurs aux Philippines répond l’inquiétude du marché londonien des métaux. Des cargaisons destinées à la Chine passent au large des deux Corées.
Les deux plus grands producteurs des Philippines, Nickel Asia Corp et Global Ferronickel ont déclaré, mardi, que le prix du métal serait solide cette année. "Les perspectives sont positives grâce à la forte demande de ferronickel pour l’acier inoxydable en Chine", a souligné le président de Global Ferronickel, Dante Bravo, qui évoquait les montants d'exportation de sa société.

Une opinion partagée, mais ce n’est pas étonnant, par le plus grand producteur de minerai de nickel du pays, Nickel Asia. « Les prix sont soutenus au premier trimestre et resteront probablement stables en raison de stocks limités en Chine »
Toujours est-il que les mineurs philippins en ont profité pour demander au gouvernement l’autorisation d'expédier des stocks de minerai supplémentaires. Des cargaisons de nickel se trouvent actuellement bloquées, en raison du contentieux sur l’environnement qui oppose l’industrie minière et le gouvernement philippin.

Géopolitique du nickel

A Londres, l’analyse technique du Metal Bulletin est froide comme l’acier. Elle scrute les fondamentaux macro-économique et ne prend pas en compte les déclarations, peut-être opportunistes, des mineurs philippins. Boris Mikanikrezai est l'expert du nickel au M.B. La note de l'analyste français décrypte « l’inquiétude des investisseurs financiers et des négociants industriels face à l’augmentation des tensions géopolitiques en Asie et au Moyen-Orient, en particulier entre les Etats-Unis et la Russie ».

Quel rapport avec le nickel ? Les volumes de métal achetés sont plus faibles depuis lundi. Les négociants du LME craignent la montée des tensions militaires entre les deux Corées qui pourrait ralentir les échanges commerciaux et fragiliserait le transport des matières premières. L'une des routes du nickel, mais aussi du cuivre, vers les ports industriels chinois emprunte la mer Jaune, à proximité des côtes coréennes. Pour le site de référence de la bourse des métaux de Londres (LME) « les risques évoqués par les Traders sont sans doute excessifs. Ils faussent la réalité du marché des métaux qui manifeste un « élan croissant » et favorable au nickel. ».

Perspectives

En conclusion, le Metal Bulletin se déclare « neutre » à court terme pour l'évolution des cours du nickel, prenant acte d’une orientation plutôt négative. « Des investisseurs londoniens parient à la baisse sur de faibles volumes de nickel, ce n’est pas représentatif du marché mais cela pèse sur les prix ». Le site d’information londonien précise toutefois que les spéculateurs « pessimistes » sont trop agressifs et qu’ils risquent de rater une éventuelle remontée des prix, car le nickel bénéficie d'une marge de progression supérieure aux autres métaux.

Le prix du métal se situait autour de 10.170 $ la tonne mardi (+0,97%). Les dernières prévisions de la Banque mondiale indiquent qu'il "pourrait" atteindre 11.000 $ dans les prochains mois. Un conditionnel qui reflète les incertitudes du London Metal Exchanges soumis aux tensions géopolitiques du moment.