La Grèce vient de lancer la vente d'actifs industriels et miniers appartenant à Larco, le premier producteur de nickel d’Europe. Pour se sauver, le cousin grec de la SLN envisage toutes les solutions, et pourquoi pas de produire un ingrédient de nickel pour les batteries électriques.
Alain Jeannin et Nordine Bensmail avec Reuters •
La privatisation de Larco est lancée. Elle vise à éviter, dans quelques mois, la fermeture du producteur de nickel, lourdement endetté. La date limite pour les offres de reprise a été fixée au 8 janvier, a indiqué le ministère grec de l'Énergie. Les offres doivent être motivées, détaillées et financées a précisé, comme une évidence, l'administrateur provisoire de Larco.
Un administrateur spécial a été nommé en février pour vendre les actifs de Larco à de potentiels repreneurs. Car la situation ne s’est guère améliorée malgré la forte reprise des cours du nickel. Larco produit du ferronickel qui est abondant sur le marché mondial et subit des décotes. Elles peuvent aller jusqu’à deux mille dollars par tonne sous le cours officiel affiché à la Bourse des métaux de Londres. Les investisseurs et les traders n'ont d’yeux que pour l’autre nickel, celui des batteries électriques. Et l’usine grecque n’est pas adaptée. Alors, son administrateur provisoire et le management de l'usine envisagent la production de mattes intermédiaires, des concentrés qui seraient transformables pour obtenir ensuite du nickel de qualité batterie. Encore faudrait-il investir une centaine de millions d’euros, encore faudrait-il aussi que la demande mondiale atteigne des sommets. Produire des mattes ? La solution envisagée est possible, mais elle n'est pas la plus économique et elle nécessiterait d'importantes adaptations.
Détruite par l’armée allemande en 1944 en application de la politique de la terre brûlée, l’usine de Larymna été reconstruite. Sa production a été relancée au début des années cinquante par des métallurgistes du nickel venus de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Quand la question s’est posée de reconstruire les infrastructures industrielles, les géologues et les ingénieurs de l’École des Mines d’Athènes se sont tournés vers leurs collègues de l’École des Mines de Paris. Tout naturellement, l’idée est venue de contacter les experts français de l’industrie du nickel, ils se trouvaient chez la SLN en Nouvelle-Calédonie qui a répondu favorablement et a détaché des spécialistes.
Le temps est compté pour les mille salariés de Larco. La seule entreprise de cette région pauvre du nord de l’Eubée est confrontée à une dernière difficulté. Le producteur métallurgique doit assumer une facture énergétique très importante, plusieurs centaines de milliers d'euros chaque mois, car les fours de l'usine qui produisent le nickel sont très voraces en mégawatts. Une solution existe, Larco envisage la construction d’une centrale électrique au gaz naturel liquéfié, une solution moins chère et plus propre que le charbon. Là encore, tout est question de restructuration et de financement. Dans la compétition du nickel aussi, malheur au vaincu…
Larymna, une usine de nickel en Grèce, des images de Nordine Bensmail