Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes appellent au dialogue après les violences dans le Grand Nouméa

Pierre Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS au Congrès et Jean-Pierre Djaïwé, président de l'Uni
Les présidents des groupes UC et UNI au Congrès déplorent les violences qui secouent l'agglomération depuis lundi soir. Ils appellent à "lever le pied" et à poursuivre le dialogue, localement et avec l'État.

Pierre-Chanel Tutugoro, le président du groupe UC-FLNKS au Congrès, et Jean-Pierre Djaïwé, chef du groupe UNI de l'institution, ont connu les Évènements. C'est donc avec le regard de ceux qui ont vécu les heures sombres de l'histoire du pays qu'ils ont réagi, ce mardi, aux violences qui secouent l'agglomération de Nouméa et du Grand Nouméa depuis lundi soir.

"On vit une situation que notre génération a déjà vécue, indique Pierre-Chanel Tutugoro. Il ne faut pas fermer les yeux devant ce qui se passe." Le responsable de l'UC déplore les violences de ces dernières heures : "Tout ce qui n’est pas encadré par une organisation, que ce soit la CCAT ou autre, il faut forcément les condamner. On demande à tout le monde de lever le pied.

"Éviter que la rue prenne le dessus"

Au lendemain du vote d'une résolution au Congrès demandant le retrait du projet de loi constitutionnelle sur l'élargissement du corps électoral, le responsable de l'UC espère qu'elle apaisera un peu les tensions. "À ceux qui seraient tentés de mener des actions individuelles, qui risquent de perturber l’économie, qui est déjà en souffrance, je leur dis de rentrer tranquillement à la maison. On a passé une étape, d’autres sont à venir à Paris et les discussions au niveau institutionnel sont en cours."

Pierre-Chanel Tutugoro rappelle également que si la CCAT émane d'une motion du Congrès de l'UC, "ils décident eux-mêmes des organisations qu’ils mettent en place". Le chef du groupe UC au Congrès se veut rassurant : les discussions au niveau local sont en cours, selon lui. "C’est de notre responsabilité de traiter des sujets qui concernent le pays pour éviter que la rue prenne le dessus.”

Perte de contrôle

De son côté, Jean-Pierre Djaïwé voit dans ces actes de violence, une perte de contrôle :"On n'est pas satisfaits de ce qui s'est passé. À partir du moment où le débat n’est plus autour des institutions et des élus, mais arrive dans la rue, ça devient compliqué. Il faut des mots d’ordre clairs pour que les actions sur le terrain, parfois nécessaires, soient suffisamment contrôlées et ne deviennent pas n’importe quoi.”

L'élu du Palika pointe également le manque de conscience politique de certains jeunes : "Quand on a affaire à des personnes qui ne sont pas politiquement conscientisées, l’action n’a plus pour but de parvenir à un résultat politique mais finalement à dégrader les choses. Ce n'est pas ça faire de la politique."

Privilégier le dialogue

Jean-Pierre Djaïwé, déplore également le "passage en force du projet de loi constitutionnelle" mais il appelle, lui aussi, au calme. "La Nouvelle-Calédonie a connu par le passé des moments sombres. Il y a quarante ans, des hommes ont été tués dans la vallée de Tiendanite et Jean-Marie Tjibaou, alors président du FLNKS, n’a pas dit "vengeance", il a dit "il faut lever le pied pour qu'on discute" et le résultat de ces discussions, c'est la paix que nous avons connue durant ces trente dernières années. Aujourd’hui, il n’y a pas eu mort d’homme ; la situation n’est pas perdue."

L'élu met en avant la voie du dialogue. L'appel du président de la République, Emmanuel Macron, à venir discuter à Paris est perçu comme "une perche tendue" qu'il faut saisir.  "C'est une opportunité de discuter et de privilégier le dialogue, car c'est par le dialogue qu’on trouvera un avenir de paix pour notre pays."