Nouvelle-Calédonie, Queensland: l'industrie australienne montre ses ambitions

Extraction minière dans la région du Queensland en Australie
L’Australie veut sa part du gâteau de nickel et cobalt du marché des batteries électriques. Pas question de l'abandonner à l'Indonésie et à la Chine. Un pied dans le Queensland, l’autre en Nouvelle-Calédonie, l’industrie minière australienne est prête à faire le grand écart.  
Le mineur brésilien Vale s’apprête à quitter la Nouvelle-Calédonie, au profit de l’australien du nouveau siècle (New Century) soutenu par son principal actionnaire, la société minière IGO. Au même moment, un autre producteur de la région de Melbourne entend développer, cette fois en Australie, la production mixte de nickel-cobalt destinée aux batteries des véhicules électriques. Le projet Sconi devrait entrer en production en 2023, vingt ans après la première phase des opérations à Goro en Nouvelle-Calédonie. L’usine du Sud exporte près de 4 500 conteneurs de nickel et de cobalt chaque année. Dans le Queensland, Australian Mining a des ambitions comparables, en tout cas selon les projections annoncées. Fin 2018 le projet avait été estimé à 1,3 milliards de dollars australiens, soit 800 millions d’euros.
 

Soutien financier du Queensland

Le producteur minier Australian Mines (AUZ.AX) a déclaré, mercredi dernier, que le gouvernement de l'État du Queensland lui avait accordé un financement pour soutenir le projet Sconi cobalt-nickel-scandium, faisant grimper la valeur de sa cotation boursière d'environ 70% depuis mercredi dernier. Le programme de soutien public, qui fait partie du fonds de soutien régional à l’emploi (Queenland's Jobs and Regional Growth Fund), spécifie qu'Australian Mines doit, en contrepartie, lancer la production au plus tard en juillet 2023. "Je suis très reconnaissant de l'offre du gouvernement du Queensland d'élargir son soutien au projet Sconi", a déclaré Benjamin Bell, directeur général d'Australian Mines. Le développement de Sconi offrirait des avantages économiques importants et revitaliserait l’ancienne ville du nickel de Greenvale, au nord du Queensland, au moins pendant les trois prochaines décennies. La région est connue pour présenter une importante minéralisation de nickel et de cobalt et l’une des plus importantes réserves connues d’oxyde de scandium, un métal rare qui est utilisé dans une variété de produits, comme les cadres de vélos, les voitures ou encore comme élément d’alliage avec l’aluminium, pour l’aéronautique. Les détails du soutien financier proposé au projet Sconi n'ont pas été dévoilés par la société. Elle a déclaré qu’elle emploierait au départ, au moins 191 personnes originaires du Queensland, à temps plein et de manière continue, conformément aux termes de l'accord, a indiqué l’agence Reuters. Australian Mines vise à allouer 90% de ses dépenses opérationnelles tout au long de la durée de vie du projet Sconi aux entreprises locales.
 

Pour l'industrie des batteries électriques

Le projet Sconi devrait produire près de 1,4 million de tonnes de sulfate de nickel et 200 000 tonnes de sulfate de cobalt au cours de sa durée de vie de 30 ans. Ainsi qu’un sous-produit d’oxyde de scandium."Ce projet a le potentiel de soutenir l'économie régionale et de créer des centaines d'emplois", a déclaré Glenn Butcher, ministre du Développement régional du Queenland. L'Australie est le plus grand fournisseur mondial de lithium et possède d'importantes réserves de nickel et de cobalt - des composants clés des batteries pour véhicules électriques (EV). "Sur le moyen terme, en fonction de la technologie choisie, la quantité de nickel par voiture électrique pourrait en moyenne passer de 20kg à 40-50kg d’ici 2025", a déclaré Jim Lennon, directeur général de Red Door Research et consultant de la banque d’investissement australienne Macquarie.
         

LME: l'accord européen fait du bien au nickel

"Le fonds de relance de l'Union européenne a renforcé le complexe des métaux de base à la Bourse des métaux de Londres (LME)" a indiqué Hassan Hutt analyste de Fastmarkets (MB). Le nickel a ouvert la voie, soutenu par le plan de relance de 750 milliards d'euros (857 milliards de dollars) de l'Union européenne pour contrer les retombées économiques continues de la pandémie de coronavirus.

Ce mardi 21 juillet, le cours à trois mois du nickel affichait 13 445 $, soit une hausse de 1,93% par tonne. La hausse des prix intervient malgré un nouvel afflux de 468 tonnes dans les entrepôts du LME à Singapour, tandis que les achats à terme sont soutenus par une courbe de prix redevenue ascendante.