Où vont les déchets des Calédoniens ?

Lifou est désormais équipé d'une installation de stockage des déchets non dangereux. Elle remplace le centre d'enfouissement.
Visites de centres de tri, dons de broyat, ateliers de surcyclage... Dans le cadre de la semaine de réduction des déchets, différentes actions sont organisées par les collectivités pour inciter la population à moins jeter et mieux trier. L’occasion de faire le point sur ce que deviennent une partie des déchets des Calédoniens.

Beaucoup de Calédoniens pensent que tout ce qui est trié et déposé dans les points de collecte ou à la déchetterie est enfoui”, constate Idane Salinas, chargée de mission environnement et économie circulaire à l’ADEME (agence de la transition écologique). C’était vrai il y a vingt ans, quand les premières politiques de modernisation de la gestion des déchets ménagers ont été mises en place sur le territoire. C'était peut-être encore vrai il y a dix ans, admet-elle.

Depuis, ça a changé. Tout ce qui peut être valorisé l’est”, assure Idane Salinas. “Il faut que les mentalités changent. 

Ce qui est enfoui en Nouvelle-Calédonie 

"Tout ce qui n’est pas trié est enfoui”, indique Idane Salinas. Les déchets ménagers jetés dans la poubelle tout-venant notamment. Ils finissent dans des centres d’enfouissement du territoire. Des centres “dont la durée de vie n’est pas infinie. Quand ils sont pleins, il faut creuser ailleurs.” D’où les incitations au compostage des déchets organiques, au broyage des déchets verts et au tri sélectif.  

En 2019, dernière étude en date, 95% des déchets non exportés étaient enfouis. Seulement 5% étaient valorisés sur le territoire. En cause : le manque de tri et la quantité de déchets recyclables produits, trop faible pour assurer la rentabilité d’usines par exemple. Mais il existe plein de petits projets. En place et en cours d’étude. 

Ce qui est recyclé en Nouvelle-Calédonie 

Les déchets les mieux recyclés en Nouvelle-Calédonie sont les canettes et le verre. Les premières, en aluminium, une matière recyclable à l’infini, sont réutilisées par EMC, qui récupère également d’autres types de métaux. Mais il faut qu’elles soient propres pour être refondues. Pleines de mégots, ça fonctionne moins bien... 

Le verre, une fois broyé, peut servir à fabriquer d’autres objets en verre, jusqu’à sept fois. Il peut aussi entrer dans la composition de matériaux de chantier. Des dalles et des revêtements de sol par exemple, spécialité d’Ecopavement, basé en province Sud. L’entreprise exploite aussi une petite partie du plastique des bidons et des bouchons.  

Les autorités étudient la possibilité de développer une filière de réemploi des matérieuax du bâtiment.

Une autre société, Isoca, devrait bientôt transformer le papier et le carton en ouate de cellulose, destinée à l'isolation thermique et acoustique des bâtiments.  

Côté déchets dangereux, sur le territoire, il existe une filière de réemploi du matériel électroménager. Certains appareils sont réparés et revendus par ALD, qui peine cependant à proposer des tarifs compétitifs. Les freins : les prix des pièces de rechange qu’il faut importer et, là aussi, “la faiblesse du gisement”. Pour réparer une machine, il en faudrait deux autres en panne.  

La difficulté : trouver des projets de recyclage rentables sur un territoire aussi petit.

Les huiles usagées étaient un temps brûlées à la SLN. Un projet est désormais à l’étude pour les nettoyer et les recycler, comme ça se fait dans l’Hexagone. Une réflexion est également en cours pour la peinture, une partie des matériaux des batteries et du BTP. Dans le cas du BTP, les autorités examinent la possibilité de créer une filière, qui nécessiterait la formation de déconstructeurs.  

Compte tenu de la taille du territoire, “ça prend du temps”, souligne Idane Salinas. Il faut trouver des modèles de valorisation locale plus rentables que l’exportation.  

 

Ce qui est exporté 

Tout ce qui n’est pas jeté dans les poubelles tout-venant ou réutilisé par les entreprises locales est envoyé en Asie du Sud-Est, en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Même le plastique, “un déchet que l’on collecte bien” et qui se recycle bien, doit être exporté, solution la moins coûteuse.  

L’amiante, les médicaments, les huiles de moteur usagées, les accumulateurs, les éclairages, les aérosols, les tissus souillés, les peintures, encres, colles, vernis, les produits phytosanitaires et tous les autres déchets dangereux qui ne peuvent pas être valorisés en Nouvelle-Calédonie vont principalement en Australie. Les déchets ménagers en Asie du Sud-Est. Là-bas, une partie est recyclée, une partie enfouie quand la réutilisation n’est pas possible.