La Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a donc rendu son jugement : il est « illégal et anticonstitutionnel » que l'Australie envoie ses demandeurs d'asile dans le centre de rétention de Manus. Qu'est-ce que cela implique t'il ? Ce n'est pas encore très clair…
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Ce qui est sûr, c'est que cette décision est définitive. Elle émane de la plus haute juridiction papoue et ne peut faire l'objet d'un appel. Pour le reste, c'est plus compliqué. Dans le centre de rétention de Manus, il y a encore 850 hommes, demandeurs d'asile et réfugiés. Pour eux, l'avenir reste incertain, souligne Ben Lomai, un avocat papou qui a lancé une action en justice similaire à celle dont on parle :
« Dans le camp de Manus, beaucoup jubilent, mais les sentiments sont partagés. Ils s'intéressent plus à ce qui les attend. Maintenant qu'ils sont libres, que va-t-il se passer ? Où vont-ils aller ? »
Selon lui, certains craignent d'être envoyés dans l'autre centre de rétention offshore de l'Australie, à Nauru.
Le Premier ministre papou, Peter O'Neill, a annoncé dans un communiqué que le centre de Manus allait fermer, sans préciser quand. Il se tourne vers le gouvernement australien, l'invitant « à trouver une solution de rechange pour les demandeurs d'asile. Ceux qui ont obtenu le statut de réfugié sont invités à vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais uniquement s'ils veulent prendre part à la vie de la communauté ».
Port-Moresby n'a, en effet, jamais promis d'accueillir tous les réfugiés. Seuls ceux qui veulent rester dans le pays et qui peuvent subvenir à leurs besoins pourront s'installer. Et on a vu ces derniers mois qu'ils sont peu nombreux à remplir ces critères. Beaucoup refusent de vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Aperçu du communiqué du Premier ministre papou, Peter O'Neill.
Les Verts australiens demandent au gouvernement de les faire venir immédiatement en Australie. Une éventualité balayée d'un revers de la main par le ministre de l'Immigration. La politique du pays ne change pas, insiste Peter Dutton :
« Cette décision est sans effet pour nous. C'est une décision de la cour suprême papoue, donc c'est un problème qui concerne le gouvernement papou. Mais soyons clairs : ces personnes ne vont pas venir en Australie. »
Le gouvernement libéral a l'appui du parti travailliste, comme s'est empressé de le faire savoir Richard Marles, porte-parole du principal parti d'opposition :
« Ça ne doit pas entraîner un retour du trafic d'immigrants. Le traitement des demandeurs d'asile à l'étranger a joué un rôle crucial, permettant de mettre fin à ce trafic et à la perte de vies humaines en mer. »
L'Australie soutient qu'en repoussant les bateaux de demandeurs d'asile en mer et en envoyant les personnes arrivées illégalement sur son sol dans des centres de rétention situés à l'étranger, elle dissuade de nouveaux départs et sauve des vies.
Une politique dure dénoncée à de multiples reprises par les Nations unies, notamment.
Si les réfugiés de Manus ne veulent pas s'installer en Papouasie-Nouvelle-Guinée et n'ont pas le droit de se rendre en Australie, où vont-ils donc aller ?
Cette question n'est pas nouvelle, mais la fermeture annoncée du centre de Manus va obliger le gouvernement australien à trouver rapidement une réponse. Canberra a bien tenté de trouver une « troisième voie », un autre pays qui accueillerait des réfugiés en l'échange d'aides financières. Mais le contrat passé avec le Cambodge est un échec et aucun autre accord n'a été signé. Kevin Boreham est maître de conférences en droit à l'université nationale australienne :
« Le problème, c'est qu'ils essaient de trouver un troisième pays qui est suffisamment peu séduisant pour ne pas constituer un autre attrait pour les gens qui veulent se rendre en Australie. Il va donc falloir trouver un compromis et il y aura forcément des gens qui viendront en Australie. »
La solution viendra peut-être de la Nouvelle-Zélande, qui a signé un accord avec Canberra en 2013 : 300 réfugiés des centres de Manus et de Nauru devaient être accueillis outre-Tasman. Mais cet accord avait été signé par le parti travailliste, alors dirigé par Julia Gillard, et le gouvernement actuel l'a dénoncé à plusieurs reprises, estimant qu'il faisait « les affaires des passeurs ».
« Dans le camp de Manus, beaucoup jubilent, mais les sentiments sont partagés. Ils s'intéressent plus à ce qui les attend. Maintenant qu'ils sont libres, que va-t-il se passer ? Où vont-ils aller ? »
Selon lui, certains craignent d'être envoyés dans l'autre centre de rétention offshore de l'Australie, à Nauru.
Le Premier ministre papou, Peter O'Neill, a annoncé dans un communiqué que le centre de Manus allait fermer, sans préciser quand. Il se tourne vers le gouvernement australien, l'invitant « à trouver une solution de rechange pour les demandeurs d'asile. Ceux qui ont obtenu le statut de réfugié sont invités à vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais uniquement s'ils veulent prendre part à la vie de la communauté ».
Port-Moresby n'a, en effet, jamais promis d'accueillir tous les réfugiés. Seuls ceux qui veulent rester dans le pays et qui peuvent subvenir à leurs besoins pourront s'installer. Et on a vu ces derniers mois qu'ils sont peu nombreux à remplir ces critères. Beaucoup refusent de vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Aperçu du communiqué du Premier ministre papou, Peter O'Neill.
Les Verts australiens demandent au gouvernement de les faire venir immédiatement en Australie. Une éventualité balayée d'un revers de la main par le ministre de l'Immigration. La politique du pays ne change pas, insiste Peter Dutton :
« Cette décision est sans effet pour nous. C'est une décision de la cour suprême papoue, donc c'est un problème qui concerne le gouvernement papou. Mais soyons clairs : ces personnes ne vont pas venir en Australie. »
Le gouvernement libéral a l'appui du parti travailliste, comme s'est empressé de le faire savoir Richard Marles, porte-parole du principal parti d'opposition :
« Ça ne doit pas entraîner un retour du trafic d'immigrants. Le traitement des demandeurs d'asile à l'étranger a joué un rôle crucial, permettant de mettre fin à ce trafic et à la perte de vies humaines en mer. »
L'Australie soutient qu'en repoussant les bateaux de demandeurs d'asile en mer et en envoyant les personnes arrivées illégalement sur son sol dans des centres de rétention situés à l'étranger, elle dissuade de nouveaux départs et sauve des vies.
Une politique dure dénoncée à de multiples reprises par les Nations unies, notamment.
Si les réfugiés de Manus ne veulent pas s'installer en Papouasie-Nouvelle-Guinée et n'ont pas le droit de se rendre en Australie, où vont-ils donc aller ?
Cette question n'est pas nouvelle, mais la fermeture annoncée du centre de Manus va obliger le gouvernement australien à trouver rapidement une réponse. Canberra a bien tenté de trouver une « troisième voie », un autre pays qui accueillerait des réfugiés en l'échange d'aides financières. Mais le contrat passé avec le Cambodge est un échec et aucun autre accord n'a été signé. Kevin Boreham est maître de conférences en droit à l'université nationale australienne :
« Le problème, c'est qu'ils essaient de trouver un troisième pays qui est suffisamment peu séduisant pour ne pas constituer un autre attrait pour les gens qui veulent se rendre en Australie. Il va donc falloir trouver un compromis et il y aura forcément des gens qui viendront en Australie. »
La solution viendra peut-être de la Nouvelle-Zélande, qui a signé un accord avec Canberra en 2013 : 300 réfugiés des centres de Manus et de Nauru devaient être accueillis outre-Tasman. Mais cet accord avait été signé par le parti travailliste, alors dirigé par Julia Gillard, et le gouvernement actuel l'a dénoncé à plusieurs reprises, estimant qu'il faisait « les affaires des passeurs ».