Paroles de confinés : Sylvio et Réa

Ils sont actuellement 340 en confinement dans les hôtels réquisitionnés par le gouvernement. Un passage obligé pour entrer en Nouvelle-Calédonie, épargnée par le Covid-19. Deuxième rencontre aujourd’hui : Sylvio et Réa rentrent enfin à la maison après huit mois de galère.
Au Château Royal, plusieurs dizaines de personnes, seules, en couple ou en famille, vivent en vase clos. A peine arrivés ou proches de retrouver une vie normale en dehors des quatre murs d’une chambre d’hôtel - même avec vue sur mer - les membres de cette petite communauté vivent un quotidien hors du commun. Sous surveillance médicale, sans contact direct avec leurs proches, ils traversent une quatorzaine obligatoire, tous animés par l’envie de rejoindre le Caillou, loin de la crise sanitaire qui sévit en métropole. Un objectif qui a parfois été long et semé d’embuches... 
 

Ressentis

Brice Bachon, journaliste qui rejoint la rédaction de NC la 1ère, achève lui aussi sa période de confinement. Il nous fait partager les rencontres faites au cours de ces deux semaines. Des histoires particulières, des expériences différentes, des ressentis contrastés sur ces 14 jours à passer dans un cadre certes appréciable, mais qui n’en rend pas l’épreuve simple à vivre pour autant. Rencontre, au fil des jours, avec quelques-uns de ces naufragés du Covid. Premier échange ce mercredi 14 octobre avec une famille arrivée pour raisons professionnelles. 
 

Sylvio et Réa :
« Cela fait 8 mois que nous sommes coincés au Cambodge. »

Lorsqu’il prononce ces mots, l’émotion du septuagénaire est palpable. Sylvio va enfin pouvoir rentrer chez lui ! 
En février dernier, le Calédonien et son épouse, Réa, partent pour le Cambodge rendre visite à la sœur de Réa qui y réside. Lorsque le Covid devient une pandémie mondiale, ils cherchent à rentrer en Nouvelle-Calédonie, mais c’est trop tard. Pendant 8 mois, ils tentent de rejoindre le territoire. En vain… 

« Nos billets ont tantôt été annulés, tantôt repoussés. C’était très éprouvant moralement », relate Sylvio. Finalement, au mois de septembre, ils décrochent enfin le sésame : un billet Paris-Tokyo-Nouméa. Un billet retour qui les oblige ainsi à passer par Paris depuis le Cambodge pour rentrer… « Il le fallait car nous devions faire le test PCR à Paris. »

Ce matin, à travers la grille du jardin, un de leur trois fils vient leur rendre visite. Les embrassades seront pour plus tard, mais pour Réa, la joie de le revoir est immense. « Il nous a appelés tous les jours pendant huit mois. C’est vraiment une grande émotion de le revoir aujourd’hui. » Et dans quelques jours, Sylvio et Réa pourront enfin retrouver la vie paisible qu’ils mènent depuis une cinquantaine d’années sur le Caillou.