Pas en arrière de l'Australie sur un projet minier controversé

Signe de protestation au projet dans les plaines de Liverpool, en 2015.
L'état australien de New South Wales a racheté la majorité de la licence accordée à un groupe chinois pour un projet controversé de mine de charbon. Une décision insuffisante pour des agriculteurs qui dénoncent un sacrifice de terres fertiles.
En 2008, l’ex-gouvernement travailliste de New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud) avait octroyé au groupe minier Shenhua les droits pour l'exploration du projet de Watermark, près de Gunnedah, à 350 km au nord de Sydney. Montant de la transaction: un milliard de dollars australiens (environ 81 milliards de francs CFP).
 

Retardé

Mais la mise en oeuvre du projet a été retardée, en raison, notamment, d'une mobilisation des fermiers locaux, qui dénonçaient la destruction de riches terres agricoles, et d'organisations de défense de l'environnement, pointant les risques de pollution de l'eau.
 

262 millions de dollars

Le ministre des Ressources de New South Wales, Don Harwin, a annoncé mercredi un accord prévoyant le rachat pour 262 millions de dollars australiens (21 milliards CFP) de 51,4% des droits. «Ce gouvernement a estimé qu'il ne devrait pas y avoir d'activités minières sur les terres fertiles des plaines de Liverpool», a déclaré le ministre, en référence à cette dépression d'1,2 million d'hectares bornée par des zones montagneuses. «Les futures activités minières se limiteront aux zones montagneuses, et leur lancement est toujours subordonné à l'élaboration de plans d'aménagement.»
 

Pas encore le feu vert

Le gouvernement libéral a précisé que le projet de Watermark, qui doit durer trente ans, doit toujours satisfaire à un certain nombre de critères environnementaux. Le groupe chinois n'a pas fixé de date pour le lancement des travaux d'aménagement. Il doit encore obtenir le feu vert des autorités sur les questions de l'eau et de la biodiversité, notamment.
 

Déterminés

Les agriculteurs de la zone hostiles au projet ne se sont pas satisfaits de la décision de l'Etat. «Si [le gouvernement de New South Wales] était convaincu de la nécessité de protéger les terres agricoles, il aurait annulé intégralement la licence et stoppé le projet de mine», a déclaré dans un communiqué Andrew Pursehouse, agriculteur de Breeza, dont la ferme est proche de l'endroit prévu pour la mine. «Retirer des zones que Shenhua n'allait pas explorer ne changera rien. La population est totalement déterminée à se battre contre cette mine de charbon, quoi que décide le gouvernement.»
 

Assurances

Le président de Shenhua Australie Liu Xiang a déclaré dans un communiqué que son groupe s'assurerait de ce que le projet respecte les «standards environnementaux les plus élevés». «La mine de charbon de Watermark a été l'objet d'une surveillance sans précédent qui prouve que le projet peut être développé de façon durable pour l'environnement», a-t-il dit.
 
 

Appétit chinois

L'an dernier, l'Etat avait déjà racheté, cette fois à BHP, une licence d'exploration accordée en 2006 sur une autre zone des plaines de Liverpool, mettant fin à une décennie de mobilisation des agriculteurs. Le rachat d'une partie de la licence de Shenhua intervient au moment où le gouvernement australien exerce, depuis mars 2015, un contrôle accru des investissements étrangers dans l'île-continent en raison des inquiétudes de son opinion publique face à l'appétit chinois.