Les couples souffrant d’infertilité ne peuvent plus effectuer leurs PMA (procréation médicalement assistée) en Nouvelle-Calédonie, faute de médecin dédié au Médipôle. Les fécondations in-vitro ne devraient pas reprendre avant 2022. De quoi désespérer les couples en attente.
Plus de 300 couples souffrant d’infertilité en Nouvelle-Calédonie sont actuellement privés de prise en charge (200 patientes suivies en FIV, une centaine qui ont des embryons congelés et une soixantaine qui ont des inséminations intra-utérines) . Depuis le 18 mai, le centre d’assistance médicale à la procréation du CHT n’a plus de médecin biologiste : plus de fécondation in vitro, plus de transfert d’embryons congelés ni même d’insémination intra-utérine.
Le service a donc perdu temporairement son agrément. Or, si le recrutement d’une remplaçante est prévu d’ici janvier prochain, cette nouvelle reste un coup dur pour les patientes et leurs conjoints.
Le reportage de Sheïma Riahi et Kaio Tui.
"Je dois choisir entre ma vie et avoir un enfant"
"Deux heures avant le rendez-vous, on m’a annoncé qu’il était annulé…"
Aline est anéantie quand on lui apprend la nouvelle. Les fécondations in vitro ne reprendront pas avant 7 ou 8 mois. Or, le temps lui est compté.
"Malheureusement, j’ai un cancer qui gagne du terrain. Ce qui était prévu, c’est que je sois enceinte, et au terme de ma grossesse, je me faisais enlever mon utérus" explique Aline. "Là, concrètement, ça signifie que je dois choisir entre ma vie et avoir un enfant".
Ecoutez le témoignage d'Aline, recueilli par Coralie Cochin :
Procréation médicalement assistée itw Aline
Une pétition en ligne
Avec le collectif BAMP, qui réunit des patients et ex-patients concernés par l’infertilité, Aline décide de lancer une pétition.
Ces couples, déjà éprouvés par les traitements hormonaux, sont à bout. Ils demandent une continuité de soins.
"Ce n’est pas la première fermeture depuis l’année dernière. Les couples ont subi les deux crises du Covid avec les fermetures successives du centre, l’arrivée du nouveau biologiste, et des couples qui sont venus vers moi en témoignant que sur un seul protocole, ils ont déjà subi, deux, trois voire quatre fois des interruptions" explique Déborah Guérot, référente du collectif en Calédonie. Selon le collectif, une vingtaine de couples vont poursuivre leurs traitements dans des cliniques françaises, espagnoles ou tchèques.
L’espoir d’un biologiste remplaçant
De son côté, l’hôpital espère trouver un biologiste en remplacement pendant ces quelques mois d’attente.
"On fait travailler nos réseaux professionnels, donc pour le moment, c’est tout frais, on a publié l’annonce la semaine dernière" explique le Dr Clotilde Dechanet, responsable du centre d’assistance médicale à la procréation au CHT. "Donc du coup, on attend les candidatures, sachant que c’est un petit peu compliqué avec la quatorzaine en fait".
Se tourner vers l’Europe
Autre option envisagée : faire partir les patientes en Métropole. Mais avec le Covid, les services là-bas sont saturés et il faut compter près de six mois d’attente. Aline et son compagnon, eux, ont déjà fait leur choix. Ils partiront en Espagne recourir à une fécondation in vitro.
Chaque année, 1200 couples consultent pour infertilité. Avec un projet d’enfants qui aboutit souvent : 25% de réussite, un taux supérieur à celui de la Métropole. L’an dernier, 45 enfants sont nés d’une PMA en Nouvelle-Calédonie.