Le Japon, la Corée, la Chine, Taïwan sont restés campés sur leurs positions, lors de la dernière journée du sommet annuel de la commission des pêches du Pacifique centre et ouest à Nadi. Selon ces pays, il n'est pas nécessaire de surveiller leurs opérations de transbordement de thons en haute-mer.
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Michael Donoghue assiste au sommet en tant que conseiller du Programme Régional Océanien de l'Environnement (PROE) sur les espèces menacées et migratoires.
« Les négociations avancent à peine sur la question de la surveillance des transbordements. Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait des garde-fous ont déjà été mis en place par la commission des pêches du Pacifique centre et ouest, a-t-il rappelé au micro de Pacific Beat, sur ABC Radio Australia. Dans la résolution qui date de 2009, l'article 29 stipule que le transbordement des cargaisons de poissons en haute-mer ne peut être autorisé que si ce n'est pas possible autrement (dans les ports, NDLR), pour des raisons pratiques. Malgré cela, à peu près la moitié des bateaux de pêches qui sillonnent le Pacifique effectuent des transbordements en haute-mer. Donc c'est devenu la norme au lieu de demeurer une exception. »
Selon Greenpeace, laisser les flottes étrangères transborder leurs prises de pêche en haute-mer plutôt que de le faire dans un port du Pacifique, où les autorités peuvent exercer leur surveillance, cela revient à encourager la pêche illégale. « Nous savons pertinemment que cette pratique sert souvent à dissimuler des prises de pêche illégale », soulignait Lagi Toribau, le responsable de l'océan Pacifique à Greenpeace Australie, en septembre 2015.
90% du thon est pêché par environ 300 à 350 thoniers-senneurs. La commission des pêches du Pacifique centre et ouest a réussi à placer des observateurs sur la plupart de ces navires.
Mais les 10% restants des espèces de thons les plus lucratives, sont prélevés par des palangriers. On ne sait pas exactement combien il y en a dans les eaux du Pacifique - peut-être entre 3000 et 5000. Et ceux-là ne sont pas surveillés.
« La réalité, c'est qu'il y a énormément de bateaux qui pêchent dans les eaux internationales sans observateur à bord, souligne Michael Donoghue. Et aussi beaucoup de bateaux qui pêchent dans les zones économiques exclusives des pays du Pacifique et vont transborder leurs prises sur un plus gros bateau, dans les petites enclaves d'eaux internationales situées au milieu des ZEE des pays-membres de la commission des pêches. »
La commission des pêches du Pacifique centre et ouest compte 25 pays-membres, et elle regroupe à la fois les grandes nations pêcheuses - dont l'Union européenne, le Canada, les États-Unis, le Japon, Taïwan, la Chine, la Corée du Sud, et les pays du Pacifique qui regorgent de ressources halieutiques.
Si le transbordement en haute-mer était interdit par la commission, précise Michael Donoghue,« la Chine a dit récemment que si sa flotte devait désormais conditionner le thon albacore, et payer pour cela 300 dollars par mètre cube, son industrie de la pêche s'effondrerait. »