Les pêcheurs professionnels côtiers : un métier entre crise et mutation

Deux mois que les bateaux de pêche sont à quai pour cause de mauvaise météo. Les pêcheurs professionnels côtiers, assimilés à des agriculteurs, n'ont ni les devoirs, ni les droits tels que des indemnités calamités.Cette profession non reconnue, un statut pourrait être acté au Congrès à la mi-mars.
Les visages sont fermés. Le moral n'y est pas. Pudiques, ils ne s'adresseront pas à notre caméra. En revanche, les cinq pêcheurs partagent en en quelques mots, leurs inquiétudes et la difficulté d'être pêcheur professionnel côtier aujour'hui.
Depuis la mi-décembre, pour beaucoup, le seul horizon qui se profile sous leurs yeux, est celui du quai. Cela fait deux mois qu'ils ne sont pas sortis en mer. Deux mois, qu'ils n'ont aucune rentrée d'argent. Et pourtant, les traites, la rentrée scolaire et autres dépenses du quotidien, elles, doivent être régler.

" çà fait deux mois que je sors pas en mer, déplore un pêcheur, et regardez, là, je dois déjà faire un carénage sur mon bateau, des frais en plus parce que je suis immobilisé"

Ce début semaine, les bateaus sont à quai, ce qui laisse présager que les étales du marché ce week-end, seront peu voire pas du tout fournis en poisson du lagon.
L’activité de pêcheur côtier est en berne, "du jamais vu", indique Christophe Pierron, pêcheur professionnel sur Boulouparis depuis une quinzaine d'année. Il est également président du syndicat des pêcheurs professionnels côtiers de la province Sud. 

Le changement climatique

"C'est la première fois que l'on voit une aussi longue période de mauvais temps. Cela devient de plus en plus catastrophique.Il n'y a plus de rentrée d'argent. Et c'est d'autant plus difficile dans les îles, où il n'y a pas d'abri, pas de lagon, ils sont soumis à la haute mer et dès qu'il y a un peu de houle, la pêche peut pas se faire"


Reportage Nadine Goapana et Claude Lindor
©nouvellecaledonie

Création d'un statut légal 
Tout comme un maraîcher, le pêcheur professionnel côtier est soumis aux aléas de la météo. Il est d’ailleurs assimilé à la profession d’agriculteur au niveau de la Cafat, mais il n’est pas reconnu,
  • ni par la chambre d’agriculture,
  • ni par la chambre de commerce et d’industrie et encore moins par
  • celle des métiers de l’artisanat
Depuis 2007, les pêcheurs professionnels se structurent pour faire reconnaitre la profession, rendre le métier attractif et de developper une économie bleue. Un projet de loi sur le statut de patron pêcheur devrait être soumis au Congrès à la mi-mars.

Une structure consulaire à vocation territoriale
Aucune reconnaissance, aucune structure consulaire, pas de cotisation ou de prise en charge spécifique donc pas de caisse d’indemnité-chômage et retraite.

"Ce sont les provinces qui attribuent une autorisation de pêche mais il n’existe aucun dispositif territorial permettant d’encadrer la profession de patron-pêcheur dans ses droits et obligations. Les documents à fournir peuvent donc varier d’une province à l’autre."
CESE - 37/2018


Harmonisation des réglementations provinciales pour préserver la ressource
La confédétation regroupe 500 pêcheurs côtiers professionnels de la Grande Terre et des Îles. Quelques 879 tonnes de poissons sont pêchées chaque année par , pour un chiffre d’affaires annuel de 500 millions de francs. 

Plaisanciers. En Nouvelle-Calédonie, 70% de la pêche provient des plaisanciers et seulement 30% des prises sont le fait de pêcheurs professionnels.

Incohérence. En 2017, la Province Sud a procédé à un toilettage de son code de l’environnement en affichant un durcissement de sa réglementation. Or, le quota pêche, lui, est resté inchangé. En province Sud, ce quota de pêche est resté fixé à 40 kg par personne, alors qu'en province Nord, ce quota est restreint à 10kg par personne. 
Un quota de 40kg/pers en province Sud contre un quota de 10kg/pers en province Nord