Peu ou pas de risques de pénuries de médicaments en Calédonie

La Métropole se retrouve de plus en plus exposée à des pénuries de médicaments. Les raisons en sont nombreuses et la rumeur comme l'inquiétude se sont rapidement répandues en Nouvelle-Calédonie. Qu'en est-il ? Y'a-t-il des raisons de s’alarmer ?
C’est un grossiste local qui joue les lanceurs d’alerte. Les pénuries de médicaments touchent de plus en plus régulièrement la France, et par rebond, inquiètent les Calédoniens. 
 

Pourquoi des pénuries ?

Comment en est-on arrivé là ? « Il y a à la fois des problèmes de concentration de fabricants de matières premières qui font qu’il suffit qu’il y en ait un qui ait un problème sur sa matière première et tous les fabricants de médicaments derrière se retrouvent en difficulté aussi pour fabriquer les médicaments » explique Frédérique Ducrocq, pharmacien inspecteur à la DASS. « Et puis le prix du médicament est bien moins élevé en France qu’ailleurs, donc les fabricants, quand ils ont le choix entre vendre en Allemagne ou en Espagne ou en France, et bien, ils privilégient les pays où ils vendent les médicaments de manière plus avantageuse pour eux ».
 

Un stock de six mois de consommation

Ainsi, le Valsartan, un anti-hypertenseur, a tout simplement disparu des pharmacies calédoniennes. 
« Le médicament est en rupture totale sur le territoire depuis plusieurs mois » indique Mathieu Marland, directeur du Groupement des Pharmaciens de Nouvelle-Calédonie.
Mais c’est l’exception au milieu des 8 500 références stockées chez cet importateur. Du fait de l’éloignement et des délais de transport importants (comptez trois mois), le stock représente six mois de consommation. 
« Ça nous permet d’absorber sur notre stock la grande majorité des ruptures, et du coup, c’est totalement transparent pour le consommateur calédonien » explique Mathieu Marland.
La Nouvelle-Calédonie dispose d'un stock de médicaments pour six mois de consommation
 

Limiter les quantités distribuées

Sinon, il s’agit de gérer la crise, comme avec ce corticoïde dont la production connaît des problèmes au niveau international. « Quand une rupture est annoncée, les gens ont tendance à se précipiter sur les stocks restants. Donc nous, on limite les quantités distribuées à chaque fois pour permettre un accès au médicament à tous ».
 

Un risque minime chez nous

Du point de vue du patient, une simple rumeur de pénurie est souvent synonyme d’angoisse. C’est alors au pharmacien de jouer. 
« Certains patients nous posent la question de savoir si les médicaments qui leur sont prescrits seront toujours disponibles à Nouméa, et en général ils le sont » raconte Dorothée Couillaud, pharmacienne. 
En cas d’indisponibilité, d’autres recours sont même possibles : « on est obligé d’appeler le médecin pour savoir par quel médicament il souhaite que la prescription soit échangée. Et dans ce cas là, on s’adapte complètement à la demande du médecin ». 
Le risque est donc mineur d’être un jour à court de ses comprimés favoris. Pour une fois, l’éloignement de la Métropole joue en faveur des Calédoniens, grands consommateurs, il est vrai. Il se vend un million de boîtes de médicaments par mois. 
Le reportage de Bernard Lassauce et Cédric Michaut 
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